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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : La Tresse

Publié par Christelle Point sur 8 Décembre 2018, 10:13am

Elles sont trois, trois femmes chacune a un bout du monde, trois comme les éléments d’une tresse. Elles n’ont rien en commun, sauf l’essentiel : la difficulté d’être une femme dans un monde d’homme. Il y a Sarah, avocate working-girl à Montréal, mère divorcée qui sacrifie tout à sa réussite professionnelle et qui apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein. Dans le monde dans lequel elle évolue, cela signifie que tout ce qu’elle a construit va s’écrouler. Il y a Giulia, en Sicile, qui travaille dans l’entreprise de perruque de son père. Le jour où ce dernier à un accident de vespa, elle découvre que l’entreprise qui fait vivre toute la famille est en cessation de paiement. Et puis il y a Smita, une femme intouchable en Inde, qui rêve de voir sa fille aller à l’école mais qui se heurte à une société indienne sclérosée par le système des castes. Elles ne se connaissent pas, elles n’ont absolument rien en commun mais leur destin est lié. Le livre de Laetitia Colombani est assez court, on le lit très vite et avec un plaisir certain. Les chapitres alternent entre les trois femmes, comme une natte, on sent qu’elles vont avoir quelque chose en commun qui va les relier mais ce n’est que vers les 2/3 du roman que l’on comprend où l’auteure veut nous emmener. Les chapitres sur Sarah sont touchants, parce que cette femme se bat à la fois contre une maladie et contre la société toute entière, comme si le cancer ne se suffisait pas en lui-même. Avocate dans un grand cabinet nord américain, ce n’est pas comme avoir un cancer ici, quand on a la protection sociale, juridique et financière. En Sicile, c’est le désarroi, qui s’ajoute au deuil qui marque Giulia, qui en même temps, et c’est paradoxal, tombe amoureuse d’un sans papier et vit la plus belle période intime de sa jeune vie en même temps que son père et son travail disparaissent. Mais les chapitres en Inde sont de loin les plus terribles. L’Inde, c’est l’enfer pour les femmes, c’est l’enfer pour les intouchables alors quand vous cumulez les deux c’est pire que tout ce qu’on imagine. Je ne connais pas l’Inde alors je ne sais pas si Laetitia Colombani a exagéré la misère de Smita mais quelque chose au fond de moi me fait dire que tout cela est vrai et documenté.  Si pour Giulia et Sarah le roman se termine sur une note d’optimisme mesurée, une lueur d’espoir, pour Smita, forcément, c’est plus nuancé : l’espoir est il seulement possible pour elle ? Le livre se termine sur une incertitude, que va-telle devenir avec sa fille ? Il ya dans « La Tresse » un profond pessimisme et un vrai optimisme, beaucoup de souffrance et beaucoup d’espoir à la fois. C’est un hymne à la féminité, et à ce qui la caractérise dans le monde entier : la chevelure. C’est une jolie triple-histoire, touchante et même bouleversante mais dont on sort avec une énergie positive indéniable, un vrai beau roman féminin et féministe.

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