Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un point c'est (pas) tout

Un point c'est (pas) tout

Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Wildlife - Une Saison Ardente

Publié par Christelle Point sur 30 Décembre 2018, 15:30pm

Même si ses parents sont des gens très modestes et qu’il vient d’emménager dans une petite ville ouvrière du Montana, Joe, en cette année 1960, n’est pas malheureux. Ses parents s’aiment, et son père a un travail qu’il aime dans le golf de la petite ville. Mais tout déraille lorsque son père perd son travail, et, par orgueil, s’enferre dans la position difficile du chômage. Sa mère, qui rêve d’émancipation et d’ascension sociale, vit mal la situation. Pour le couple les parents de Joe, pour son enfance, pour son innocence, c’est le début de la fin.

 

« Wildlife – Une saison Ardente » est un premier film, le premier film d’un tout jeune réalisateur nommé Paul Dano. Cela se sent, sa réalisation est très appliquée, très propre et même parfois inventive, sans malgré tout être révolutionnaire. Dano propose un film, certes un peu long (1h45 sur un couple qui se sépare, ce n’est pas l’intrigue du siècle, reconnaissons-le), mais bien filmé. Il alterne les beaux paysages du Montana, des paysages presque de carte postale, avec la réalité d’une petite ville ouvrière des années 60 du Middle-west. Là, pour le coup, le cliché des 60’s flamboyant en prends un coup. Ici, on est pauvre, on roule dans des vieilles voitures, on habite des petites maisons de plein pied, et on connait le chômage et le déclassement. C’est une autre vision des années 60, bien plus rare au cinéma que son contraire « American Graffiti » et qui n’est pas sans intérêt. Paul Dano utilise beaucoup de hors-champs, et il l’utilise fort bien, en atténuant le son mais en nous laissant deviner ce qui arrive, il soigne ses travellings (comme pour l’incendie ou il cumule les deux : hors-champs puis travelling), il prend bien soin de ne pas faire durer ses scènes au-delà du raisonnable, d’éviter les dialogues trop bavards, bref : c’est du bon cinéma, surtout pour un premier film. On regrette quand même que ça tire un peu en longueur, que la musique soit transparente et que le personnage de Jerry, le père, soit un peu éclipsé au profit de Jeannette, la mère. Du coup, Carey Mulligan écrase un peu Jake Gyllenhaal au casting. Lui incarne un père un peu taiseux, assez difficile à cerner, orgueilleux et lâche (on peut être les deux à la fois !) et au contact duquel nous aussi on aurait des envies d’émancipation. C’est un personnage très humain, qui caractérise assez bien le mari modeste des 60’s, encore chef de famille, mais de moins en moins… Carrey Mulligan a indéniablement un rôle plus complexe, de femme malheureuse, tiraillée entre une vraie envie d’émancipation (elle saute sur l’occasion de retravailler lorsque son mari se retrouve sans emploi) et de réussite sociale. Son aventure, avec un concessionnaire plus vieux, handicapé et barbant, personne n’y croit vraiment et elle la première, c’est juste une porte de sortie de cette vie étriquée qu’elle ne supporte plus. Au milieu, Joe, est incarné par Ed Oxenbould, adolescent de 14 ans témoin impuissant du long naufrage du mariage de ses parents. Il tient bien son rôle, même si parfois on le trouve bien mature pour un gamin de 14 ans. Mais des années 60, on était surement plus mature à 14 ans qu’aujourd’hui. Comme je l’ai écrit, faire 1h45 sur un couple qui de sépare lentement mais surement, ce n’est pas l’intrigue de l’année. Tout cela est évidemment très crédible, parce qu’entre longue lassitude et crise de colère, tout sonne très juste. Tous les enfants de couples divorcés le savent, on sent ces choses arriver, on sait d’emblée qu’on ne pourra rien y faire, qu’on ne sera qu’un témoin et qu’au final, on va en souffrir quand même, même si on est coupable de rien. Joe assiste aux disputes mais jusque au départ de son père (la mort dans l’âme, il s’engage comme pompier pour combattre les incendies de foret, pour un salaire dérisoire), tout semble réparable. C’est ce départ, et le déclassement qu’il implique pour Jeannette qui scelle l’affaire. A partir de là, Joe ne sera pas épargné par des parents qui ne le ménage pas, qui le prenne à témoins, la manipule, déverse sur lui leurs frustrations. Peut-être que, à cette époque, on se souciait moins qu’aujourd’hui de la psychologie des enfants, mais c’est assez dérangeant de voir combien ce gamin de 14 ans se retrouve acteur de cette séparation bien malgré lui. Quelle vision du couple et de la famille va-t-il garder en grandissant ? Même si la scène finale incite à un certain optimisme sur ce point, c’est quand même navrant de voir un couple si peu ménager son enfant ! Dans l’ensemble, « Wildlife  - Une saison Ardente » est un film réussi sur un sujet pourtant ultra conventionnel, déjà filmé mille fois. C’est un film prometteur pour un tout jeune réalisateur visiblement plein d’idées et non dénué de talent. Il est dommage d’avoir sorti ce film en période de fêtes de fin d’année car la saison n’est pas propice aux drames intimistes Si « Wildlife – Une Saison Ardente » fait un parcours honorable en salle, il n’en aura que plus de mérite.

 

La bande annonce de "Wildlife - Une Saison Ardente"

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents