
Un soir pluvieux, le petit Jacob (4 ans) est renversé à Bristol par une voiture sous les yeux de sa mère : mort sur le coup. Le chauffard commet un délit de fuite et comme il n’y a aucun témoin, que la visibilité était mauvaise et que la maman est traumatisée, l’enquête s’annonce mal pour Ray et Kate, chargé des investigations. Bouleversée par ce drame, Jenna quitte tout pour allez se réfugier dans un petit village de la côté galloise, et tente de repartir à zéro, tant bien que mal. Mais le drame de Bristol va rattraper tout le monde, et cet accident n’en était peut être pas un ! Le thriller de Clare Mackintosh est coupé en deux parties distinctes : la première vous semble un peu banale, un peu nébuleuse, vous croyez comprendre quelques petites choses mais la toute dernière ligne de cette première partie vous fait comprendre… que vous avez été mené en bateau pendant 225 pages ! Pendant cette première partie, vous naviguez à vue, vous vous doutez bien que l’auteur veut vous emmener quelque part mais l’horizon est bouché comme un village gallois en hivers ! Ca se lit bien, mais ça tire en longueur et les états d’âme de Jenna vous semblent un peu lassants. Mais la seconde partie, qui remet d’équerre toute l’intrigue, renoue avec le suspens qui fait le sel d’un bon thriller. Là, on touche à autre chose, on aborde des thèmes différents, on change de narrateur (en plus de Ray le policier, dont les aventures conjugales et familiales remplissent des pages sans qu’on comprenne pourquoi, et de Jenna) arrive un autre narrateur, et il ne faut pas plus de quelques chapitres pour comprendre qu’on a affaire à une personne dangereuse. Pervers, narcissique et instable : la clef de toute cette histoire, c’est ce personnage dans la peau désagréable nous fait entrer l’auteur. L’engrenage se met alors en route et le thriller devient réussit, dans sa psychologie, dans la complexité de ses personnages, dans son suspens jusque dans son dénouement. La première partie a beau tirer en longueur, se perdre un peu dans quelques digressions, sembler confuse et même sans grand intérêt parfois, elle est indispensable à la réussite du roman tout entier, puisqu’elle vous leurre pour mieux vous embarquer dans la seconde partie. Cela donne dans l’ensemble un roman réussi, qui mine de rien aborde plein de thèmes différents. Comme avec « Je te vois », l’auteur fait mouche et commence tout doucement à se faire un nom dans le monde du polar britannique moderne.