
Une épidémie mondiale, née tout au bout du monde, frappe soudainement les Etats-Unis : toutes les femmes, de tous les âges, s’endorment et ne se réveillent plus. Un cocon se forme autour d’elles et malheur a celui qui déchire le cocon et réveille volontairement l’endormie. Dans la petite ville de Dooling, dans les Appalaches, l’apparition de la maladie s’accompagne de l’apparition d’Evie, une femme mystérieuse, dotée de pouvoirs étranges et est la seule à pouvoir dormir et se réveiller comme avant. Les hommes et les garçons, subitement privés de leur mère, de leur femme, de leur épouse, réagissent de façon contrastée à ce cataclysme, les uns cédant au désespoir, les autres à la colère et à la violence. Certains sont persuadés qu’Evie peut inverser la maladie et sont prêt à tout, vraiment à tout, pour la forcer à intervenir. Le monde, livré à la violence XY, est sur le point de sombrer. Le nouveau roman de Stephen King, écrit à quatre mains avec son fils Owen, est une sorte de « Under the Dome » post-« me too » ! Cet énorme pavé, doté d’une impressionnante galerie de personnages, n’est pas forcément facile d’accès dans ses premiers chapitres. La double faute à un nombre important de personnages à s’approprier et à une intrigue qui met un long moment à démarrer. Mais une fois que c’est parti, difficile de lâcher ce roman qui, comme « Under the Dôme » avant lui, met une petite communauté de l’Amérique profonde dans une situation anormale, qui va déstabiliser toute la société, mettre à jour les personnalités profondes de tout le monde, faire exploser les rapports sociaux et faire apparaitre le pire : la violence comme unique solution à un problème insoluble. C’est de loin ce qui fonctionne le mieux dans le roman, l’influence néfaste des fake news et des réseaux sociaux, le pouvoir mal contrôlé des médias, le « Chacun pour soi, tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens » qui affleure si vite dans les esprits les plus nombreux ! Après, l’histoire d’Evie, retranchée dans la prison pour femme et protégée par des hommes bons contre la folie d’autres hommes, mués par la peur, la haine et/ou la bêtise, ça ressemble à une version moderne de « Fort Alamo » ! Le roman est en deux partie, dans la première partie, la maladie frappe, les femmes paniquent, cherchent tous les moyens pour ne pas s’endormir, les hommes sont désemparés. Dans la seconde, les Hommes mais aussi (et surtout) les Femmes endormies doivent faire le choix universel : vivre ensemble ou bien construire deux société distinctes, l’une étant vouée à disparaitre, l’autre à lui succéder. Le surnaturel, cher à King, c’est la distorsion de l’espace-temps, et la personne d’Evie, sorte de messager céleste. Après, faire reposer le destin du monde entier sur les épaules de (la moitié) d’une petite ville américaine, c’est un peu commode, un peu facile aussi. Le message sous-jacent sur les rapports entre les sexes est assez bien vu, pas si caricatural qu’on aurait pu le craindre. Un gros roman bien dans la lignée de ce qui a fait le succès de Stephen King : le surnaturel, la symbolique du Bien contre le Mal, et une galerie de personnages bien croqués. Pas le meilleur King que j’ai lu, mais pas le plus mauvais non plus.