
Ce premier roman au titre interminable, et qui vient d’être adapté sur grand écran, nous entraine dans le sillage d’un jeune indien, Ajatashatru Lavash Patel, faux fakir mais vrai escroc, qui débarque en France dans un but étrange : acheter un lit à clou dans le premier Ikea qui se présente pour le revendre en Inde et se faire de l’argent. Son périple, qui ne devait durer que 24 heures durera bien plus longtemps, il traversera l’Europe, rencontrera des migrants et des stars, trouvera l’amour et par la même occasion, un sens à sa vie. Ce roman « picaresque », que l’on peut lire rapidement, bourré d’humour à froid, ne se contente pas de dépeindre un voyage extraordinaire. C’est surtout un voyage initiatique que va entreprendre malgré lui Ajatashatru Lavash Patel, un voyage plus proche de « L’Oddysee » d’Homère qu’on ne le croit au premier abord. Balloté par les évènements, le héros parcours une Europe complexe, à la fois repliée sur elle-même et vindicative (et bêtement bureaucratique) mais aussi généreuse et ouverte sur l’autre. Toute l’ambigüité de l’Europe occidentale est décrite ici, elle refoule ou elle donne sa chance, elle vous sourie ou vous pourchasse, tout dépend des circonstances et des rencontres. Peu importe que rien ne soit crédible ou presque, peu importe que certains personnages soient à la limite du grotesque (le chauffeur de taxi et sa famille), on est ici dans un conte, une fable moderne ou il faut, entre les lignes, lire une morale. C’est bien sur un message humaniste, simple (les réacs à poils et à plumes diront « bobo-droit de l’hommisme »), généreux et optimiste qui est ici mis en scène : le personnage principal est fondamentalement bon (bien qu’il soit un vrai escroc à la base) et attachant, et l’on suit ses aventures avec une vraie gourmandise d’enfant : sans croire à la forme (les aventures improbables), on se plait à penser que l’on croit encore au fond , à l’Humanisme d’une Europe qui n’a pas tout à fait encore oublié ce qu’elle est !