
Avec « L’appel du néant », Maxime Chattam livre le troisième (et dernier ?) volume des aventures de la gendarme Ludivine Vancker et son équipe de la SR. Contrairement aux deux précédents tomes, celui-ci peut parfaitement être lu de manière isolée puisqu’il s’agit d’une histoire toute différente. Les allusions à ses aventures antérieures sont peu nombreuses et ne nécessitent pas d’en savoir plus pour apprécier cette nouvelle histoire. Ici, pas de tueur à la psychologie tordue (encore que…), Chattam trompe son monde. Pendant les premiers chapitres, on croit qu’on a à faire à un sérial killer qui tue ses victimes, les lavent à l’eau de javel puis les dépose sur une voie ferrée pour qu’ils soient coupées en morceaux, mais en fait l’enquête va très vite dévier vers autre chose. La construction du livre est intéressante : pendant toute la première moitié du livre, parallèlement à l’intrigue, on aura droit a des flash forward bien flippants, et aussi des chapitres en italiques, qui mettent en scène un jeune libano-palestinien tenté par le l’islam radical et le terrorisme. Puis, vers le milieu du roman, l’intrigue et les flash forward se rejoignent et l’histoire devient linéaire, si l’on excepte toujours ces chapitres en italiques qui deviennent eux aussi de plus en plus flippants. Chattam s’essaie a quelque chose qu’il n‘avait fait qu’effleurer auparavant : le roman d’actualité. C’est l’islam radical et son pendant le terrorisme qui ponctuent ce roman. Evidemment, l’auteur marche sur des œufs et, par l’intermédiaire de son personnage Marc Tallec (DGSI), livre toutes les clefs pour bien comprendre la complexité de la situation, éviter les dérapages, faire la part des choses. Tout cela est fait assez intelligemment et c’est très efficace. La fin est une fin à tiroir, on croit que c’est finit et puis paf, ça rebondit, et puis ça rebondit encore ! On peut penser que c’est peut-être un peu trop mais finalement, cela tient en haleine jusqu’au bout. Malgré un sujet hyper casse-gueule et anxiogène au possible, le roman réussit son pari et il n’est pas aussi pessimiste qu’on aurait pu le craindre. En tous cas, Chattam emporte le morceau, celui de montrer sous un angle multiple un problème d’une complexité terrible, et aussi de montrer au travail les forces anti-terroristes qui font échouer, dans l’ombre, des attentats sanglants. Qu’ils s’agissent de « loups solitaires » ou d’opération soigneusement préparées, les méthodes de renseignement décrites paraissent affutées et efficace pour repérer les actes terroristes imminents, même on sait bien que parfois, elles peuvent échouer à prévenir l’irréparable. Chattam livre ici son polar le plus documenté et pertinent de sa déjà longue bibliographie.