
Je continue mon périple dans le bibliographie de l’iconoclaste Jean Teulé par « Je, François Villon » qui est, comme le titre le laisse deviner, une biographie très romancée et écrite à la première personne du poète François Villon, premier poète maudit de la littérature française. De sa naissance (le jour de la mort de Jeanne d’Arc dont la description du corps supplicié ouvre le roman, comme ça on sait où on met les pieds !) à sa mystérieuse disparition à l’âge de 30 ans, Teulé narre avec son style bien à lui la vie incroyable de cet orphelin qui aura tout vu, tout vécu, tout subit et tout commis pendant sa courte vie. Teulé, c’est l’humour noir élevé au rang d’art, avec lui tout passe, même l’innommable, même les pires atrocités, même les trahisons les plus viles, les crimes les plus abjectes, les tortures les plus sophistiquées ! Car Villon va, après une adolescence ultra turbulente auprès de l’université de Paris, devenir un « coquillard », un des pires criminel de l’époque, avant de connaitre la prison, la torture : il trahira, il sera admiré et maudit de son vivant, il côtoiera les plus grands de son époque et la pire fange du XVème siècle, tout en continuant de composer ses poésie, au fil de ses aventures. Ses poésies, d’ailleurs, sont insérées dans le texte, à la fois en langue de l’époque et traduite ensuite en langue plus accessible. Le roman tire un peu en longueur mais ne lasse pas, son héros commet les pires horreurs mais la première personne et l’humour de Teulé ne le rendent jamais antipathique. A mes yeux, ce roman à plusieurs qualités. D’abord, il permet de se faire une idée sur la société de la fin du Moyen-âge et l’extrême violence qui y régnait alors, une violence qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Il explique aussi très bien la place importante de l’Université de Paris (Un Etat dans l’Etat) et l’existence des confréries étudiantes. Enfin, il permet de jeter un œil cru sur la personnalité d’un poète très mal connu, étudié dans les lycées de France sans que les gamins ne se doutent un seul instant de la vie de sexe, de sang et de larmes qui a été la sienne. Pour finir, j’ajoute pour ceux qui ne connaissent pas encore bien le style Teulé, qu’il ne faut pas avoir froid aux yeux pour se lancer dans ce roman : les mots sont crus, ce n’est pas pour les chochottes !