
En 2045, le monde est devenu un immense bidonville, et pour fuir cette réalité insupportable, tout le monde se réfugie dans l’OASIS. L’OASIS est un immense monde virtuel crée par un inventeur de génie, un peu asocial et fan de pop culture : James Halliday. Dans l’OASIS, avec votre casque virtuel, vous pouvez tout être, tout faire, vivre cents vies, mourir et renaitre sous une autre forme, lier des amitiés ou des haines. Avant de mourir, Halliday a dissimulé dans son immense jeu une sorte de chasse au trésor et celui qui parviendra au bout de la quête deviendra propriétaire de l’OASIS et des milliards qui vont avec. Un jeune homme, Wade, joueur invétéré, tente sa chance et se retrouve vite en concurrence avec une multinationale bien décidée à mettre la main sur la poule aux œufs d’or et sur tout le poulailler !
Du pur divertissement, 2h20 de pur divertissement pied au plancher, de débauche visuelle, de bonne musique des années 80 et de pop culture, c’est cela « Ready Player One », c’est le cadeau de Steven Spielberg aux gens de ma génération. Parce que même si les jeux vidéo, la réalité virtuelle et ses dangers sont des sujets hyper actuels, son film est truffé, constellé de références qui nous parlent à tous. Je ne me souviens pas avoir vu un film qui référençait autant les films, les séries, les jeux vidéos, les clips, la musique des années 80. C’est bien simple, il y en a partout, dans la bande originale, avec un personnage au détour d’une scène, avec une pochette de disque, un costume, une expression, un jouet, une affiche, c’est tellement touffu que je suis bien certaine de ne pas tout avoir vu. Je ne veux pas en dire plus, histoire de laisser à tout le monde le plaisir de reconnaitre une voiture, un costume, un objet ou une poupée maléfique (Zut ! j’en ai trop dit !). Le tour de force de ce film, c’est le long hommage de Steven Spielberg à un autre grand réalisateur : pendant de longues minutes, son film prend place dans un autre film, hyper connu et il s’insère dans le décor de ce film culte de façon étonnante et carrément jouissive. C’est la première fois que je vois au cinéma une telle démarche, et le résultat est tout simplement génial ! Spielberg est un grand réalisateur mais c’est surtout un adolescent qui n’a jamais grandi ! Visuellement, ce qui est bien avec les univers virtuels c’est qu'on peut tout imaginer et tout mettre en scène sans se soucier le moins du monde du réalisme. Les décors sont fous, les scènes de courses de voiture (au début) ou de bataille (à la fin) sont tellement spectaculaires qu’elles pourraient presque donner le tournis ! Le film dure 2h20 et c’est à peine si on voit passer le temps. 80% de l’intrigue se situe dans l’OASIS, le reste étant dans la vraie vie, ce qui laisse beaucoup d’opportunité au réalisateur, aux costumiers, aux décorateurs, aux programmeurs, aux accessoiristes de s’amuser comme des petits fous. L’humour, très présent et souvent assez décalé fonctionne à plein : c’est un humour bon enfant, assez universel. Autre bonne idée, donner des premiers pôles à des acteurs peu connus et qui s’en sortent plutôt bien : Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn ou encore Simon Pegg. Il n’y a que Mark Rylance que les fans de Spielberg connaissent bien et il incarne un James Hallyday lunaire, sorte de geek asocial (un tout petit peu caricatural quand même) et génial, habillé comme un adolescent mal dégrossi et maladroit. Au final, c’est surement le scénario qui fait office de petit maillon faible dans « Ready Player One » car il est assez complexe (même si au vu du résumé je m’attendais à pire) et il n’hésite pas à céder à quelques facilités un peu décevantes : toutes les races et les sexes sont représentés chez les « gentils », le méchant est très méchant, les héros, qui se sont rencontrés dans l’OASIS, habitent tous la même ville et le méchant aussi (c’est pas du bol, ça ?) et le culte de l’argent est omniprésent. Le message du film a la légèreté d’une plume : la réalité virtuelle peut être un piège et il faut garder à l’esprit l’importance de la réalité et surtout de la valeur de la « vraie vie ». L’intrigue se résume somme toute à une course au trésor pour gagner la gloire le pouvoir et la fortune et toutes les étapes de la course sont l’occasion de petites morales comme « ne jamais laisser passer sa chance » ou « se méfier des apparences » ou encore « l’important c’est de jouer plus que de gagner ». Pas de quoi sauter au plafond, pas de quoi crier au scandale non plus. « Ready Player One » est un film pour les grands adolescents que nous sommes restés, nous les gamins des 80’s qui allions au cinéma voir « Retour vers le futur », qui écoutions Duran Duran tout en bidouillant nos rubik’s cubes. Soyons indulgent avec les faiblesses d’un scénario un peu formaté pour nous laisser séduite par le plaisir d’un film très grand spectacle de pur divertissement, truffé de références nostalgiques et cultes, qui va à 100 à l’heure, nous en met plein les yeux et les oreilles et dont on ressort le sourire aux lèvres, comme des gamins qui reviennent d’un grenier rempli de souvenir d’adolescence.