
Le premier polar d’Olivier Norek (« Code 93 »), je l’avais bien aimé même si j’avais émis quelques réserves. Le deuxième (« Territoires ») je l’avais beaucoup aimé en lui trouvant une vraie pertinence et une intrigue plus claire, plus resserrée et, peut-être, plus crédible. Et bien le troisième roman du lieutenant Norek, je l’ai a-do-ré ! Je ne sais pas où va m’emmener cet auteur mais c’est sûr, je le suivrai aussi loin qu’il voudra ! C’est la troisième aventure du capitaine Coste et ça démarre sur un gros coup de froid, dés l’intro on comprend qu’un membre de son équipe va mourir, et ça, déjà, ça vous cloue sur place vu qu’en deux romans seulement, je les avais tous adopté. L’intrigue se dédouble entre deux histoires qui semblent n’avoir aucun rapport mais qui vont se télescoper d’une manière complètement inattendue. D’un côté une sœur prête à tout pour extraire son jeune frère d’un univers carcéral qui en train de le détruire physiquement et psychiquement, une sœur qui ne reculera devant rien. Mais même quand on est prête à tout, on finit toujours par trouver pire que soi! De l’autre coté, une prise d’otage crapuleuse et antisémite (un peu comme l’affaire du « gang des barbares ») qui met l’équipe Coste sur les dents. En apparence absolument rien ne relie ces deux affaires et pourtant, la première va venir faire exploser la seconde d’une manière totalement inattendue et pourtant parfaitement crédible. L’intrigue est limpide, les événements s’enchainent comme un terrible engrenage, et plus on avance dans le roman, plus il est difficile de décrocher. J’aime le style sobre, simple et fluide de Norek, avec une toute pointe d’humour de temps en temps, au milieu de la noirceur. Parce que oui, c’est très noir comme roman, même un peu sordide par moment (sans complaisance néanmoins, ce que peu d’auteur réussissent à éviter), c’est pessimiste, parfois même un poil déprimant. Norek veut coller à une réalité qu’il connait très bien, celle du flic de terrain qui côtoie la misère humaine, qui se heurte à la bureaucratie, qui doit composer avec la procédure, qui doit ménager sa hiérarchie. Et chez Norek comme dans la vie, les histoires finissent mal, les salauds s’en sortent parfois, et parfois pas, les innocents sont innocentés et parfois pas… Encore plus que son roman précédent, « Surtensions » sent le vrai, l’authentique, le bitume. Parfaitement construit, équilibré et limpide, agréable à lire et bien difficile à lâcher, « Surtensions » est la preuve qu’en trois romans seulement, Olivier Norek est devenu incontournable dans le paysage du polar français moderne et décomplexé. Je retrouve dans ses romans ce que j’aime dans ceux de Karine Giebel, une vraie authenticité, une noirceur éclairée parfois par des fulgurances de sentiments plus nobles (l’amour, l’amitié) qui rendent tout supportable, et surtout des personnages attachants, jamais monolithiques, toujours complexes, toujours capables du pire un instant et du meilleur l’instant suivant.