
Après le très dérangeant « Le Dîner » puis le plus décevant « Villa avec piscine », revoici l’auteur néerlandais Hermann Koch avec son troisième roman : « Cher Monsieur M ». Herman habite juste en dessous de l’appartement d’un écrivain célèbre, M. Entre fascination et jalousie, cet écrivain (sont la gloire semble être un peu derrière lui) et sa jolie jeune épouse l’obsède, il l’épie, il le surveille, il cherche à entrer dans sa vie d’une façon ou d’une autre. Pourquoi, parce que Herman semble connaitre un secret sur le plus gros succès de M, un thriller qui raconte comment deux lycéens ont supprimé leur professeur d’histoire. Cette histoire glauque est inspirée d’un fait réel, et Herman a peut-être quelque chose à y voir… Comme à son habitude, Koch aime dépeindre des héros terriblement ambigus, qui semblent faire le bien mais finissent toujours être rattrapés par le pire. Dans le cas présent, que ce soit Herman, M, le professeur d’histoire ou bien les lycéens, personne n’est innocent, personne ne sortira indemne de « cher Monsieur M ». Le style d’Herman Koch est déroutant car son roman est complètement éclaté : il y a des flash backs, puis on revient au présent mais avec quelqu’un d’autre comme narrateur, puis re-flash back mais avec un troisième narrateur, puis retour eu présent avec le narrateur initial, etc… Son récit est tout sauf linéaire, c’est surement voulu pour faire monter un peu la sauce, pour instiller le malaise : ça fonctionne sauf qu’il fait parfois s’accroche, les digressions interminables qui arrivent comme des cheveux dans la soupe ça peut finir par lasser. L’intrigue est quand même assez claire, au final on comprend assez vite quel est l’intérêt d’Herman à se faufiler au plus près de cet auteur. Le principal rebondissement concerne l’histoire du prof et des deux lycées, qui occupent tout le milieu du livre (et qui tire un peu en longueur aussi) et ce n’est que vers la fin que tout se décante, pour le pire évidemment puisque Koch envoie souvent ses « héros » commettre l’irréparable et essayer ensuite de se donner bonne conscience ! Si on arrive à gérer le côté déstructuré du livre, on peut trouver de l’intérêt à « cher Monsieur M » mais ce roman rivalise difficilement avec le très dérangeant « Dîner ». Son récit aurait gagné à être un peu plus ramassé et un peu plus dense.