
Au delà de son titre un peu bateau et de son sujet très peu original, « Ne pars pas sans moi » est un thriller tout simple mais très efficace. Rachel emmène son garçonnet Ben pour une ballade en forêt et le laisse gambader devant elle et puis… Ben disparait sans laisser de trace. Passé la panique initiale la police intervient et commence à interroger tout le monde et à envisager toutes les possibilités. Rachel, en proie à une angoisse indicible, est projetée en première ligne lors d’une conférence de presse et là, c’est la catastrophe : sa prestation est tellement décousue et maladroite que la presse et surtout les réseaux sociaux se déchainent contre elle en en faisant au mieux une mère négligente, au pire une suspecte. La voilà victime des évènements, victime de la vindicte populaire et qui sait peut-être, bientôt victime de l’enquête de police ? Deux narrateurs en alternance : Rachel qui se débat (maladroitement) pour surmonter sa peine et son angoisse, accablée de toute part et prise à parti par le monde entier et Jim, l’enquêteur en chef, qui mise toute sa future carrière sur cette affaire considérable. De temps en temps, un petit flash forward nous montre Jim dans le futur, en pleine dépression et en pleine thérapie et on sent bien que l’affaire « Ben Finch » en est à l’origine, du coup, on imagine le pire… C’est une technique utilisée par la série TV « True Detective » et qui marche très bien, montrer les enquêteurs à la dérive dans l’avenir et nous laisser imaginer ce qui a bien pu les mener à une telle déchéance. Ici, l’intrigue est assez simple, le dénouement n’est pas spectaculaire, les rebondissements crédibles et ma foi assez réussis. La psychologie des personnages, de l’un comme de l’autre, est assez fouillée mais cela se fait au détriment de celle des personnages secondaires, et notamment de celle du coupable. Ce qui est le plus pertinent dans le roman de Gilly MacMillan, c’est le rôle pernicieux de la presse et surtout, le rôle encore plus malsain de l’opinion publique, si prompte à élucider, si prompte à juger, su prompte à condamner. La libération de la parole sur les réseaux sociaux se fait décidément pour le meilleur comme pour le pire et il suffit de lire les commentaires sur n’importe quel article de fait divers pour se rendre compte de MacMillan tape dans le mille avec ses inserts de blogs, de forum de discussion et de pages Facebook : c’est plus vrai que nature. « Ne pars pas sans moi » est un thriller sans prétention mais bien fichu, bien troussé et qui, pour un premier roman, est assez prometteur.