
Clotilde était en vacances en Corse en 1989, dans sa famille paternelle. Adolescente, elle occupait son temps comme toutes les adolescentes de l’époque, elle écoute La Mano Negra dans son walkman, mate les ados de son âge et tient un journal intime. Et puis le 23 aout, la Fuego paternelle sort de la route, ses parents et son grand frère trouvent la mort, elle reste seule survivante. 2016, Clotilde revient en Corse pour la première fois depuis le drame avec son mari et son adolescente de fille. Sa présence, son obstination à comprendre, et quelques évènements bizarres vont réveiller des vieux démons à propos de l’accident, qui n’en était peut-être pas un… Le roman de Michel Bussi est parfait pour l’été et la plage. Les chapitres de 2016 montrant Clotilde entrain de remuer un passé qui ne demandait pas à l’être s’alternent avec les chapitres d’un journal intime de 1989. Ce journal intime, il est tellement bien écrit, tellement détaillé, tellement pointu qu’on a quand même un peu de mal à imaginer une adolescente de 16 ans en train de le gratter pendant tout l’été, mais passons… Ce n’est pas la seule petite chose moyennement crédible dans l’intrigue de Bussi. Le fin, comme souvent avec lui, est quand même un petite peu trop grosse pour être crédible ! Voilà un auteur qui n’a pas peur d’aller un peu loin dans l’incroyable. Mais si on met un mouchoir sur ces petites exagérations, on se trouve embarqué dans une intrigue assez facile à comprendre mais qui réserve une fin qu’on n’a pas vu venir, globalement cohérente, très prenante. Style agréable, chapitre ni trop long ni trop courts, c’est un roman quand même assez dense mais qui passe bien. Ce qui est plutôt bien vu, c’est le rapport conflictuel, presque teinté de rivalité, mère/fille adolescente qui se reproduit entre Clotilde et sa mère, puis Clotilde et sa fille, comme quoi on reproduit toujours les schémas de notre mère, quoi qu’on en dise. La Corse, personnage à part entière du roman, n’est pas forcément dépeinte sous un jour très flatteur. En fait, ce n’est pas la Corse qui est dépeinte sans fioriture, mais les Corses ! Insulaires jusqu’à l’hostilité, obstiné jusque dans l’entêtement, rancuniers jusqu’à l’absurde, ils correspondent assez bien à l’idée (fausse ?) que l’on se fait d’eux sur le continent. C’est le troisième roman de Michel Bussi que je lis après « N’oublie jamais » et « Gravé dans le sable » (il aime bien la chanson française !), celui-ci à peu ou prou les mêmes qualités et les mêmes petits défauts. Il faut juste se laisser porter par son intrigue sans arrières pensées.