J’ai mis du temps avant de me lancer dans l’aventure « Downton Abbey », je n’avais à priori aucune inclinaison naturelle vers une série britannique racontant par le menu la vie d’une riche famille noble du début du siècle et de ses relations avec sa domesticité. Pourtant, il ne m’a pas fallu plus de 10 minutes environ pour m’immerger dans cette histoire d’un autre temps, m’attacher à bon nombre de personnages, apprécier le charme britannique et l’humour « so british » de cette série. Comme quoi il faut vraiment se méfier des idées préconçues, y compris en matière de séries TV ! Au moment où j’écris ces lignes, il me reste encore 2 saisons à découvrir, avec gourmandise. « Downton Abbey », c’est le nom de la somptueuse demeure où loge la famille du comte Grantham, et la ribambelle de domestiques assignés à demeure à son service. Le premier épisode de la première saison débute le 15 avril 1912, le lendemain du naufrage du Titanic où l’héritier du domaine trouve la mort. Le Comte n’ayant eu que 3 filles, le problème de la succession se pose avec acuité. La série propose une peinture assez réaliste de la société anglaise du début du siècle et de ses évolutions pendant la première Guerre Mondiale, puis pendant les années folles : l’évolution de la condition féminine, les suffragettes, la crise irlandaise, la dépréciation du prix de la terre, la modernisation à marche forcée des exploitations agricoles, mais aussi l’évolution de la mode (les tenues sont somptueuses !), et puis pour finir, le spectre de la Seconde Guerre Mondiale avec la montée du nazisme chez le lointain voisin allemand. Les domestiques, de leur côté aussi, évoluent dans une société en mouvement, là aussi les femmes se rebiffent. Et puis forcément, les petites histoires se nouent à la grande, les amours, les deuils, les drames et les ruptures, le petit monde de Downton Abbey est mis à rude épreuve de manière très régulière. Les personnages sont quasiment tous hyper attachants, même ceux qui s’avèrent au premier abord prétentieux ou manipulateurs. On pleure devant « Downton Abbey » mais on rit aussi beaucoup, et essentiellement grâce au duo Violet Crawley/Isobel Crawley, cousines par alliances, ces deux femmes âgées passent l’essentiel de leur temps à s’envoyer des vacheries, l’une est aussi vieux jeu que l’autre est progressiste, et leur chamailleries sont une source quasi inépuisables de bon mots, de petites piques lancées mine de rien mais qui font mouche ! Les acteurs de la série, tous autant qu’ils sont (et si l’on est attentif, on reconnaitra au moins deux acteurs importants qui fileront ensuite vers « Game of Thrones ») sont épatants, tous ont des rôles hyper écrits, profonds, complexe, un bonheur à jouer j’imagine. Avec pour couronner chaque saison un épisode final de presque 90 minutes autour d’un évènement capital (mariage, Noël, voyage en Ecosse…). Ces épisodes ne sont pas des « bonus », même s’ils sont un peu présentés comme tel dans les coffrets DVD car les évènements qui s’y déroulent sont souvent capitaux pour la série, ces épisodes sont incontournables et souvent, quand ils se terminent, on bouillonne d’impatience de retrouver pour une saison supplémentaire tous ces personnages à qui on s’est terriblement attachés. « Downton Abbey » est un bonbon anglais au gout délicat, plein de larmes et d’humour, tour à tour sucré et acide, un vrai petit bijou tant sur le fond que dans la forme.