« Oz » au féminin, en plus drôle, en moins glauque aussi, « Orange is the new black » est la transcription à l’écran de l’histoire (vraie) de Piper Kerman, qui coproduit la série. Renommée Piper Chapman dans la série, cette jeune femme plutôt jolie, issue d’une famille plutôt normale et sur le point de se fiancer se voit rattrapée par un passé peu reluisant. Il y a quelques années, elle a transporté de la drogue pour le compte de sa petite amie de l’époque, Alex. Dénoncée sur le tard (par qui ?), Piper doit purger une peine de prison d’une année dans la prison exclusivement féminine de Litchfield. Séparée de son petit ami, plongée au milieu des autres prisonnières de tous âges, de toutes origines et aux casiers judiciaires parfois très lourds, soumise à la loi des matons, Piper va avoir du mal à s’acclimater. Elle qui compte passer le plus tranquillement possible cette année à l’ombre sans faire de vague va rapidement découvrir qu’en prison, la vie ne peut jamais être tranquille. Avec une pléthore de personnages, très hauts en couleur, « Orange is the new black » a très vite la bonne idée de ne pas se focaliser uniquement sur la petite personne de Piper (qui n’est pas si sympathique qu’on aurait pu le croire) mais de porter l’attention sur chacune des nombreuses codétenues. Au travers de flash back, on découvre à chaque épisode le passé de l’un d’entre elle, avec à la clef des histoires parfois terrifiantes, parfois édifiantes, parfois à peine croyable, et parfois terriblement crédibles ! Même les filles les plus antipathiques au départ finissent par devenir attachantes, et pour certaines ce n’était pas gagné ! La série, qui oscille en permanence entre le tragique et la comédie, entre la légèreté et le drame absolu, n’est jamais ennuyeuse et elle met le doigt, mine de rien, sur la vie carcérale américaine et ses travers. Elle jette une lumière parfois crue sur l’absurdité du système : des profils de détenues mélangées, où les vraies criminelles côtoient les toutes petites délinquantes, la gestion inhumaine de certaines boites privées, la misère sexuelle, la dérive raciale dans les prisons, le manque de travail, la quasi impossibilité de préparer une éventuelle réhabilitation, les punitions données aveuglément, la violence des détenues, des gardiens, la présence des malades mentales qu’on préfère mettre en prison plutôt qu’en HP etc… Toutes ces choses qui sont peu ou prou présentes aussi dans les prisons de notre pays, au passage… Très facile d’accès et bien moins glauque qu’on pourrait l’imaginer au départ, « Orange is the new black » est une série qui mérite le détour, une série où les oies blanches finissent par devenir malfaisantes, où les vraies dures peuvent vous tirer des larmes. Plus on avance dans les saisons, plus on comprend que les mauvaises personnes sont des deux côtés des barreaux et les belles personnes aussi, et que parfois, au fil des évènements, ce sont les mêmes, elles peuvent passer de l’une à l’autre.