Le coin des livres : Je sais pas

3 jours, c’est le temps qu’il m’a fallu pour lire le tout dernier Barbara Abel, terriblement crédible, très anxiogène, complètement addictif. Comme d’habitude chez Barbara Abel, l’intrigue part d’un postulat tout simple : Emma, 5 ans, s’égare dans une forêt pendant une sortie scolaire. En la cherchant, son institutrice fait une chute et se blesse sérieusement en tombant dans une ancienne galerie. Elle parvient néanmoins à faire sortir Emma du trou où elle était tombée, et où elle est tombée à son tour. Peu après, Emma est retrouvée, mais elle dit ne pas savoir où est sa maitresse et à 5 ans, « Je sais pas » est sa seule réponse. Le problème c’est que Mylène est diabétique et elle est partie sans insuline : les heures commencent à compter et la petite fille, butée, se contente se répéter qu’elle ne se souvient de rien, mais est-ce bien la vérité ? Emma, dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est très jolie mais aussi très intelligente, est-elle un ange ou un petit démon ? Barbara Abel explore une nouvelle fois son thème de prédilection : Jusqu’où peut-on aller pour ses enfants ? L’amour maternel (ou paternel) vaut elle absolution pour tous les excès commis en son nom ? C’est peu ou prou le thème central de « Après la haine », de « L’instinct maternel » ou même de « L’innocence des bourreaux » et cette fois, avec « Je sais pas », c’est un double portrait miroir que nous offre l’auteur. D’un côté, la jeune institutrice Mylène, son adolescence difficile et ses rapports tendus avec son père Etienne et de l’autre, la petite Emma, dont on sent immédiatement qu’elle va développer en grandissant quelques petits travers psychopathiques et ses parents qui ne voient en elle qu’un ange (mais peut-il en être autrement ?). Pour couronner le tout, La maman d’Emma a un amant, et cela va tout compliquer, cela va jouer un grand rôle dans le drame qui ne noue. Le fait que Camille, la mère, ait un amant et que Mylène soit diabétique, je me suis dit au début que c’était un peu too much (le coup de la diabétique sans insuline, c’est comme le coup des petits asthmatiques en mal de ventoline dans quasiment tous les thrillers hollywoodiens !) mais plus on avance plus on se rend compte que cela va jouer un grand rôle, ce n’est en rien anecdotique, ce n’est pas là pour « en rajouter ». La relation difficile entre Emma et son institutrice prend tout son sens dans les dernières pages. Quant aux pères, dans ce livre, ils n’en sortent pas grandis dans les deux cas, c’est le moins que l’on puisse dire et difficile de les départager dans l’abject. J’ai quand même un petit bémol sur le personnage d’Etienne et son attitude à la fin de cette histoire, que je ne suis pas certaine d’avoir bien compris. En tous cas, pris dans son ensemble (crédible, cohérent, avec un suspens parfaitement dosé) « Je sais pas » est un thriller très réussi qui confirme que Barbara Abel et un auteur désormais incontournable.