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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Braquage à l'Ancienne

Publié par Christelle Point sur 14 Mai 2017, 14:44pm

Retraités après une vie d’ouvrier métallurgique, Willie, Joe et Albert vieillissement tranquillement et chichement dans le Queens. Mais le jour où le fond de pension qui gérait leur retraite disparait suite à la délocalisation de leur ancien employeur, ils ne touchent plus rien et la banque menace de saisir leur unique bien : leur petite maison. Comble de l’ironie, c’est leur banque même qui va présider à la dissolution du fond de pension qui leur permettait de vivre. Joe, qui a été témoin d’un braquage il y a peu de temps, commence sérieusement à envisager de rembourser « sur la bête », c'est-à-dire de braquer la banque. Mais à 70 ans, l’entreprise est encore plus compliquée que pour des braqueurs « professionnels » : convaincre ses deux copains, puis se préparer physiquement, se couvrir par un alibi en béton, trouver du matériel, tout est compliqué et pourtant, rien ne leur fait peur. Ma foi, que risque-t-on vraiment quand on n’a plus rien à perdre ?

 

J’aime bien Zach Braff, en tant qu’acteur dans la série « Scrubs » d’abord, et puis en tant que réalisateur avec « Le rôle de ma vie » entre autre. Cette fois-ci, avec « Braquage à l’ancienne », il reste sagement derrière la caméra pour soigner son film, un film sans prétention mais avec suffisamment de fond pour ne pas se révéler n’être qu’une comédie type « Ocean 11 version septuagénaire ». Dans la forme, j’ai beaucoup aimé « Braquage à l’ancienne » parce que c’est réalisé de façon rythmé, parce que la musique y est omniprésente mais très agréable à l’oreille, parce que New York y est filmé avec une vraie tendresse et que ça rend très bien à l’écran, parce que le montage est à la fois moderne et efficace. Si on ajoute à cela quelques petites originalités de mise en scène, notamment dans la préparation du braquage (avec les petits dessins, les incursions en 3D), tout cela donne au final un petit film sans prétention mais très bien fichu et qui tient la route aussi bien qu’un gros blockbuster plein d’effets spéciaux et de coups de feu ! Zach Braff soigne son travail de réalisateur et soigne aussi son casting en recrutant 3 acteurs très confirmés : Morgan Freeman, Alan Arkin et Michael Caine. Ce trio efficace s’amuse follement à jouer les papys braqueurs. Ils ne cabotinent pas autant qu’ils auraient pu se permettre de le faire, au regard de leur carrière et de leur expérience. Ils sont crédibles dans le sens où on comprend très bien leur détresse mais aussi la motivation qui les anime, proches de la pauvreté et bien résolus à faire payer ceux qui les ont spolié. Ils sont bien entouré par des seconds rôles un tout petit sous-exploités mais fort bien tenus, entre autre par Matt Dillon, Ann-Margret et Christopher Lloyd (le « Doc » de « Back to the future » qui en a encore sous le pied !). Le scénario de « Braquage à l’ancienne » fonctionne si l’on se donne la peine de fermer pudiquement les yeux que les petites choses vraiment peu crédibles qui émaillent le film. On peut faire semblant d’y croire pendant 1h40, à ces papys de 70 ans capables de braquer une banque en moins de 3 minutes montre en main. On peut faire semblant d’y croire, à cette greffe du rein que l’on propose à un septuagénaire (alors que la réalité de la médecine américaine est surement bien plus cruelle que cela !). On peut faire semblant d’y croire, à cette enquête de FBI qui piétine faute de témoignages fiables et de jugeote. Il faut être indulgent avec le scénario pour y croire vraiment mais ce n’est pas bien grave. Ce qui est intéressant dans « Braquage à l’ancienne », c’est qu’au-delà de cette histoire de casse un peu improbable, il y a une vraie petite critique du système de retraite américain avec leur fonds de pension qui lèse au final des gens qui ont cotisés toute leur vie. Il y a aussi une petite critique de système bancaire puisque les banques exproprient sans états d’âme des petites gens qu’elles sont grandement poussées vers des placements à risques. Evidemment, on est dans une comédie, pas dans « Margin Call » ou « The Company Men » qui tapaient bien plus fort sur l’Amérique des « subprimes », mais quand même, il y a du fond dans cette petite comédie qui ne paye pas de mine, comme il y avait un peu de fond aussi dans « Le casse de Central Park » auquel le film fait souvent penser. Du coup, on adhère assez vite à l’idée du braquage, parce qu’après tout, voler des voleurs c’est légitime non ? Je reconnais que c’est un postulat un peu simpliste mais finalement bien dans l’air de temps (l’air de temps est au simplisme, ce n’est pas que ça me réjouisse mais chaque jour me le prouve davantage !). Au-delà de cela, il y a aussi beaucoup d’amitié entre les 3 rôles titres, une amitié toute simple et indéfectible, sans arrière-pensée, comme sont les vraies amitiés et c’est assez rafraichissant. Et puis, cerise sur le gâteau, ou plutôt sur la tarte puisque ce dessert occupe une place importante dans le film, l’humour potache de « Braquage à l’ancienne » fonctionne. Sans être particulièrement grinçant, sans être subversif ou corrosif, l’humour bon-enfant du film de Zach Braff (qui rappelle un peu l’humour absurde de « Scrubs ») fait mouche et nous permet de passer un moment très agréable de cinéma, et on quitte la salle le pas léger et le sourire aux lèvres. « Braquage à l’ancienne » ne va pas révolutionner le cinéma, il ne va pas être nommé aux Oscars, il ne va pas laisser une trace impérissable dans la vie de chacun mais il est chouette et sympathique, en plus d’être drôle et bien fichu.

 

La Bande Annonce de "Braquage à l'Ancienne"

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