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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Pris de court

Publié par Christelle Point sur 2 Avril 2017, 15:02pm

Nathalie est veuve avec deux enfants, elle débarque du Canada pour commencer un nouveau travail chez un joaillier parisien. Elle a tout prévu, trouvé un appartement, scolarisé ses enfants et elle est prête à commencer ce nouveau job lorsque le joaillier se rétracte brusquement, la laissant désemparée. Pour préserver ses deux fils, probablement déjà perturbés par le décès de leur père, elle décide de ne rien leur dire, un tout petit mensonge de rien du tout, mais qui n’est que le premier engrenage d’un mécanisme très vite incontrôlable.

 

« Pris de court » tient une promesse, mais le problème c’est qu’il ne tient pas la bonne, en tous cas pas la promesse de départ. Au vu du résumé, du titre, et même de l’affiche, on s’imagine qu’on va assister à la descente aux enfers d’une mère de famille aux abois, dans lesquels les petits mensonges précèdent fatalement les moyens, puis inévitablement les gros, une sorte de scénario faisant écho à le tristement célèbre affaire Jean-Claude Roman (ce pseudo médecin de l’EMS qui a menti à tout le monde pendant 20 ans avant de se trouver acculé au crime, voir le film « L’Adversaire » de Nicole Garcia). Or, le long-métrage ne tient pas vraiment cette promesse là, le secret de Nathalie ne résistant pas aux premières 20 minutes du film. Très vite, on est dans autre chose, qui n’est pas forcément mal fichu, mais qui n’est pas ce qu’on escomptait voir, en tout état de cause ce que moi, j’escomptais voir. Coté réalisation, Emmanuelle Cuau fait le job, très sobrement, très sérieusement, en essayant de produire un film ramassé et tendu comme tout bon thriller : 1h26, une tension qui va crescendo accompagné d’une musique plutôt agréable, bien choisie, bien placée. De ce point de vue, même si on peut déplorer un académisme certain, le film est réussi. Renan Prévot incarne de fils ainé de Nathalie, un adolescent « tête à claque » presque caricatural. Comme on a très vite envie de la baffer et de le secouer comme un prunier bien mûr, on se dit que sa performance est assez réussie ! C’est le cas aussi du petit Jean-Baptiste Blanc dans le rôle de son petit frère, exaspérant et envahissant comme savent l’être les petits frères. Mais c’est Virginie Efira qui impressionne une fois de plus dans ce rôle de mère un peu dépassée, un peu acculée, un peu perdue mais qui tient bon pour ses deux enfants. Cette actrice, qui semble en avoir encore beaucoup sous la semelle, n’en finit pas de se révéler comme une des meilleures de sa génération. Très belle dans « Pris de court » (en dépit d’une garde robe très minimaliste vu qu’elle porte quasiment les mêmes fringues de bout en bout !), tout en fragilité mais aussi, quand il faut, incarnant la détermination juste avec le regard, elle est parfaite. Les seconds rôles sont plus anecdotiques, du méchant Gilbert Melki (a qui il faudra un jour donner le rôle d’un gentil, juste pour voir ce que ça donne !) à la trop rare Maryline Canto, ils sont très biens dans des seconds rôles un peu sous-écrits et c’est dommage. Quant au scénario de « pris de court », il lorgne davantage du côté du thriller conventionnel que du drame psychologique. Très vite le fils ainé de Nathalie déconne et se met dans des ennuis pas possibles, entrainant avec lui son jeune frère et surtout sa mère. Là où je ne suis moyennement convaincue, c’est que l’engrenage dans lequel il se fourvoie, il n’est pas vraiment la conséquence du mensonge maternel. C’est là où je pense que le film sort des rails : peu importe que Nathalie mente ou pas, l’intrigue aurait été la même. On s’imagine que ce mensonge va tout déclencher alors qu’il est éventé au bout de 20 minutes et que le gamin, à ce moment, il a déjà bien un pied dans les ennuis ! Ce mensonge n’est qu’un prétexte fallacieux à dérouler un thriller ultra-conventionnel, à base de petite délinquance et de trafic de drogue. Lequel thriller est assez efficace d’ailleurs même s’il n’est pas exempts de grosses ficelles, de rebondissements un peu caricaturaux et d’un dénouement final fort en suspens et en tension nerveuse. Mais encore une fois, ce n’était pas la promesse de départ et je suis quand même déçue, même si je ne me suis pas ennuyée, même si j’ai marché dans l’intrigue, devant cette occasion manquée. Reste que l’intrigue fonctionne, si l’on n’est pas trop regardant, que l’on compatit à la situation inextricable devant laquelle se trouve cette mère de famille sans histoire, qu’on ne devine pas d’emblée si les choses vont mal finir ou bien horriblement mal finir. La fin est un peu sèche, un peu abrupt et laisse un tout petit gout d’inachevé, quelques questions restant sans réponse. C’est comme si Emmanuelle Cuau, ne sachant pas plus que son héroïne comme se sortir de son histoire, avait décidé de ne pas vraiment choisir et de laisser un tout petit peu « en plan » ses personnages, les principaux comme les seconds rôles. Cela donne une note finale un peu mitigée à un thriller réussi mais pas transcendant, et qui restera dans mon esprit comme une vraie occasion manquée de faire un beau et anxiogène drame psychologique.

 

La bande annonce de "Pris de court"

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