1990 : Sophie tombe enceinte de son petit ami Sylvain qui la laisse tomber aussi sec. Avec la petite Hortense, elle noue une relation mère-fille fusionnelle, pleine d’adoration. Alors que la petite va fêter ses 3 ans, son père réapparait subitement et un soir enlève la petite puis disparait avec elle. Sophie remuera ciel et terre mais ne reverra jamais sa petite Hortense. 2015 : alors qu’elle mène depuis 20 ans une vie terne et solitaire, coupée du monde entier, Sophie croit reconnaitre sa fille en la personne d’une jeune serveuse de son quartier. Peu à peu, elle se rapproche d’elle et l’apprivoise avec en tête une double idée fixe, récupérer sa fille et se venger de Sylvain. Jacques Expert est un auteur de polar que j’apprécie depuis longtemps et qui ne m’a jamais déçu. Et bien, une fois de plus, il m’a happé avec cette histoire de femme obsessionnelle à la dérive, qui s’accroche à cette jeune fille jusqu’à en devenir très inquiétante. En réalité, cette Sophie est très vite, dés les premiers chapitres, assez inquiétante : paranoïaque, obsessionnelle, cyclothymique. Avant même l’épisode de l’enlèvement, on sent très vite que la relation entre elle et Sylvain puis entre elle est Hortense n’est pas saine, cette femme n’est pas « normale » et immédiatement, elle nous met mal à l’aise. Plus elle raconte sa vie, plus elle semble se plaindre de tout et tout le monde, moins on la plaint ! C’est marrant, souvent chez Jacques Expert les mères ou les épouses sont toxiques, comme dans « La Théorie des six » ou « La femme du monstre ». A partir du milieu du livre, les chapitres du point de vue de « Sophie » se font plus rares et alternent avec les chapitres du point de vue de « Hortense » (qui dit s’appeler Emmanuelle). Cette alternance est entrecoupée par des extraits de déposition (en flash forward) qui laissent penser très vite que toute cette histoire entre Sophie et la jeune « Hortense » va très mal se terminer. C’est en effet une spirale infernale qui se met en branle à partir du milieu du roman, avec une action qui s’accélère, une tension nerveuse croissante, jusqu’à devenir irrespirable dans les deux derniers chapitres ! Le dénouement est plus que sec ou abrupte, il tient en 3 phrases et paf : Plus rien… Je n’ai rien contre les fins un peu sèche mais là, c’est comme si on s’écrasait sur un mur alors qu’on va à 300km/h, c’est un peu violent ! « Hortense » est un polar qu’il faudrait presque lire deux fois, une première fois pour se laisser surprendre, une seconde pour repérer ici ou là les indices qui « auraient pu nous laisser deviner que… ». Je ne suis pas certaine à 100% qu’il n’y ait pas quelques petites incohérences, du coup… Parce que pendant toute la lecture du roman, je me suis perdue en conjectures sur le dénouement possible de l’histoire bizarre de cette femme bizarre, et cette fin là je l’avais envisagé, mais j’en avais aussi envisagé d’autres. C’est un livre dérangeant et addictif, le style est fluide, facile à lire, et si on se laisse emporter par l’intrigue, on en sort un peu lessivé. On en sort aussi avec la certitude que, décidément, Jacques Expert aime triturer la psychologie humaine dans ce qu’elle a de plus tordue et compliquée.
Le coin des livres : Hortense
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