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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : De Force

Publié par Christelle Point sur 23 Mars 2017, 16:54pm

Après un tout premier chapitre bien énigmatique (mais qui ne prendra tout son sens que dans les dernières pages), Karine Giebel nous entraine dans la famille dysfonctionnelle de la jeune et très perturbée Maud. La jeune femme se fait agresser par un inconnu alors qu’elle promène son chien et ne doit son salut qu’à l’intervention miraculeuse de Luc, qui met en fuite son agresseur. Ca tombe bien, Luc est garde de corps de son état et très vite, le père de Maud (un médecin plein aux as) lui propose de devenir la protection rapprochée de sa fille. En effet, l’agresseur mis en fuite semblait bien la connaitre et tout le monde redoute qu’il ne revienne à la charge. Luc accepte et emménage dans une dépendance de la belle villa de la famille Reynier. Ce faisant, il met le pied au cœur d’une famille très malsaine, où les haines et les rancœurs brouillent les relations. Très vite, les menaces contre Maud, puis contre son père deviennent plus inquiétantes plus précises. Qui est cet agresseur et que reproche-t-il à ce médecin ? Et pourquoi ce dernier refuse obstinément de prévenir la police ? Luc semble avoir mis le doigt dans un engrenage qui pourrait lui couter cher. « De Force » n’est pas le meilleur Giebel mais ce n’est pas le plus mauvais non plus. Après le légèrement décevant « Satan était un ange », elle revient aux fondamentaux qui ont fait son succès et se remet à torturer ses personnages, tous à la fois attachants et inquiétants, à la fois pathétiques et bourrés de secrets et de contradictions. Luc lui-même, qui semble au départ le plus équilibré de tous, cache lui aussi des blessures physiques et morales qui interroge rapidement sur son passé et son psychisme (et d’ailleurs, toutes les questions ne trouveront pas de réponses à son sujet). La pauvre Maud est une gamine riche, capricieuse mais qui trimbale un mal être permanent. Le père à visiblement beaucoup de vilaines choses à cacher mais donnerait sa vie pour sa fille adorée, la belle-mère est vénéneuse en surface mais fragile en profondeur. Tous les personnages ont plusieurs niveaux de lectures et ne sont pas si monolithiques qu’on aurait pu le craindre. L’angoisse monte au fil des pages, on a du mal à lâcher et on s’attache à Maud et à Luc, malgré leurs défauts et leurs vilaines actions et leurs vilaines pensées. C’est une spirale infernale qui se met en branle et qui ne s’arrêtera que dans la violence et le sang et évidemment, comme toujours avec Giebel, la fin est d’une noirceur totale. Elle qui n’est pas adepte des « coups de théâtre » s’y essaie enfin avec la fin de « De Force », c’est une jolie tentative même si plus on avance dans l’intrigue, plus on voit venir le rebondissement qui n’est pas ébouriffant, loin de là ! Mais il a le mérite de la cohérence et mettre un point final à un roman très solide, et qu’on a du mal à lâcher. Karine Giebel reste une référence dans le roman noir, qui n’a pas peur de farfouiller au fin fond de l’âme humaine pour y dénicher à la fois le pire et le meilleur. Ici, pas de tueur tordu aux motivations ésotériques, de l’humain, de l’amour, de l’amitié, du désir, de la haine, de la rancœur, rien que de très proche de nous. C’est ça qui fonctionne avec elle, ses thrillers noirs et violents ne parlent au final que de nous et c’est bien ça le pire ! J’ajoute pour finir que j’aime beaucoup le titre et la façon dont il est exploité dans le roman, là encore c’est une bonne surprise, Giebel s’étant souvent contenté de titres « bateaux » qui ne faisaient pas forcément envie !

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