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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : La Ballade de l'Enfant Gris

Publié par Christelle Point sur 10 Février 2017, 10:02am

Jo est une interne en service de pédiatrie, No est un gamin de 7 ans atteint d’une maladie incurable et qui va mourir. La maman de No ne vient quasiment jamais le voir et tout le service de pédiatrie juge sévèrement ce comportement qu’ils assimilent au mieux à de la lâcheté, au pire à du mépris. Et puis, un jour, ce qui devait arriver arrive, c’est « La déchirure » et encore une fois, la maman de No n’est pas à la hauteur. Après cette déchirure, Jo est hanté par No, au sens propre du terme, il le voit partout, il ne peut se défaire du fantôme de l’enfant. Alors, sur un coup de tête, il quitte son travail et file à Rome sur les traces de la maman, Maria, pour la comprendre et lui « rendre » son fils. Cette quête va le mener à réviser douloureusement son jugement sur cette mère si fuyante. Le dernier roman de Baptiste Beaulieu est un petit diamant habilement construit. Le basculement (la déchirure en question) sert de pivot au roman, les chapitres « avant » (sous forme de compte à rebours) alternent avec les chapitres « après » jusqu’au dernier chapitre qui boucle la boucle de manière un peu inattendue. Il y a un vrai travail d’éditeur sur ce livre, avec l’ajout de photo, avec une utilisation des polices de caractères différentes selon qu’on est avant ou après. Les chapitres « avant » explorent la relation pleine de malice et de tendresse qui lie le petit malade et son médecin et le tour de force de Baptiste Beaulieu c’est d’insuffler de l’humour, de la tendresse et de la légèreté dans une histoire qui aurait pu être terriblement lourde. Lourds, ces chapitres ne le sont jamais, et même on rit beaucoup avec le personnage de l’infirmière, atteinte du syndrome Gilles de la Tourette, souffre-douleur consentant des blagues potaches de Jo et No. Les chapitres « après » pourraient presque s’assimiler à un thriller (un style que Baptiste pourrait explorer un jour, qui sait ?) avec la quête difficile de Jo à Rome, puis à Jérusalem sur les traces de cette jeune maman. Plus on avance dans cette quête, plus on se rend compte que la vie de Maria a été difficile et qu’il serait malvenu de la juger de façon péremptoire. Le dernier chapitre, et c’est le tout petit bémol que j’adresse à Baptiste Beaulieu, j’ai du le lire deux fois avant de comprendre tout ce qu’il impliquait, le rebondissement de la fin n’est pas amené de façon très claire. Mais c’est une belle fin, pleine de poésie et qui serre la gorge. Et la raison des absences de Maria, je ne l’avais pas vu venir du tout alors que des indices auraient pu me mettre sur la voie et c’est le point d’orgue, à mon sens, de cette histoire. Maria et Jo semblaient aux antipodes l’un de l’autre, et la fin, très émouvante, prouve qu’il n’en était rien, sauf que Jo n’aurait jamais pu le deviner. De ce que je sais, et la postface le confirme, il y a beaucoup de l’auteur et de son expérience dans « La ballade de l’enfant gris ». D’ailleurs, à la fin, si je ne me trompe pas, le prénom d’Augustin (le vrai petit malade) est glissé au détour d’une ligne, comme un petit hommage. C’est un roman qui confirme tout le bien que je pense depuis longtemps de ce médecin écrivain pas comme les autres, et je suis heureuse de pouvoir lui faire la publicité qu’il mérite.

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