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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Rock'n Roll

Publié par Christelle Point sur 19 Février 2017, 17:12pm

Piqué au vif par une remarque maladroite d’une journaliste de « Elle » sur son âge, l’acteur Guillaume Canet, valeur sure du cinéma français, césarisé, heureux en couple et père de famille, disjoncte carrément. Il a 42 ans et pour la première fois, on lui examine la prostate et on lui fait interpréter le rôle d’un grand-père au cinéma, et sa jeune partenaire le trouve trop vieux pour être un objet de phantasme. Sous les yeux incrédules de sa femme, sous le regard consterné de ses amis de 20 ans, Guillaume Canet part en vrille. Tour à tour pathétique, et insupportable, il cherche absolument à retrouver son insouciance et sa jeunesse, au risque d’aller trop loin et de tout perdre.

 

Le pitch, la bande annonce et la promo déjanté du dernier film de Guillaume Canet laissait entrevoir une expérience cinématographique comme on n’en voit pas souvent dans le cinéma français, en tout cas comme on n’en avait pas vu depuis « Grosse fatigue » de Michel Blanc. Et bien le résultat est encore plus surréaliste que ce qu’on imaginait avant la séance. Passé tout près de la dépression après le bide de « Blood ties », son expérience malheureuse outre-Atlantique, Guillaume Canet a choisi de s’auto parodier (et peut-être de s’auto-psychanaliser) au maximum dans « Rock’n Roll » et d’entrainer avec lui sa femme Marion Cotillard, ses parents, ses amis et ses producteurs. Et il n’hésite pas, Guillaume, quand il décide de faire de l’autodérision, il ne fait pas dans la demi-mesure ! Il fait jouer à tout son entourage leur propre rôle mais réserve à Marion Cotillard un traitement « de faveur ». Si tout les autres semblent être dans « Rock’n Roll » comme dans la vraie vie (à part peut-être Johnny Hallyday qui a une des scènes les plus drôles et les plus décalées du film, et ce n’est pas peu dire !), Marion Cotillard à droit, elle, à une vraie auto parodie en bonne et due forme. Et franchement, elle s’en sort admirablement bien. D’abord elle est très belle sous la caméra de son mari, mais en plus elle s’amuse comme une folle à interpréter une Marion Cotillard comme dans les tabloïds ! Ecolo jusqu’à l’absurde, s’immergeant dans ses rôles façon « Actor Studio » jusqu’à emm… tout le monde, Cotillard tord le cou à l’image déformée que le « public » pourrait avoir d’elle et on sent qu’elle jubile à le faire. Je précise que son imitation de Céline Dion est géniale et que si un jour un producteur curieusement inspiré imaginait un biopic de la chanteuse de « Pour que tu m’aimes encore », elle serait parfaite pour le rôle titre ! Guillaume Canet, lui, reussi le pari de faire un film sur lui-même sans jamais paraître narcissique un seul instant, bien au contraire. Il se ridiculise, il s’enlaidit, il se moque de lui et de son caractère et de ses états d’âmes dans quasiment chaque scène, et avec le talent qu’on lui connait. Le réalisateur-scénariste de « Mon idole » est de retour, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne s’est pas assagit, et c’est une super-nouvelle ! Clairement, son film est en deux parties et vers les deux tiers, le film part dans une direction que je n’avais pas imaginée. Toute la première partie est vraiment réussie, vraiment drôle, vraiment corrosive aussi. C’est avec une certaine jubilation que l’on voit Guillaume Canet, cet acteur populaire, admiré et reconnu (sauf que les commerçants l’appellent Monsieur Cotillard !), partir en vrille et devenir une caricature à tous les points de vue. Il essaie tout pour redevenir « Rock’n Roll » (même si je ne suis pas sure qu’il sache bien ce que cela signifie) : l’alcool, la cocaïne, les sorties en boite, le look. Il en devient agressif, ridicule, pathétique même quand il s’évertue à postuler pour un rôle de jeune homme. Son entourage, perplexe, courbe l’échine et donne l’impression d’attendre que ça passe mais ça ne passe pas. C’est vrai que toute cette première partie est drôle mais elle est aussi un tout petit peu douloureuse je trouve. Guillaume Canet, on le suit depuis 20 ans, c’est un acteur que j’adore, hyper attachant (et très mignon) et le voir souffrir comme cela (parce que même si c’est drôle, c’est quand même la mise en scène d’une souffrance, il ne faut pas le perdre de vue !), même si c’est une auto parodie, ça a un petit côté tragique qui fait qu’on rit beaucoup, mais que quand même, au fond, on rit un peu jaune ! Et puis subitement le film bascule dans autre chose. On ne peut pas trop en parler pour ne pas déflorer l’intrigue mais j’imagine que Canet, conscient que son scénario finissait par tourner un tout petit peu en rond, s’est demandé au bout d’un moment où emmener son double. Il avait deux options : le retour sur Terre ou la fuite en avant. Et il a choisit la voie la moins attendue, et peut-être pas la plus intéressante, celle de la fuite en avant. Subitement, son film devient autre chose, une auto-parodie d’auto-parodie, presque un cartoon ! Alors là, on n’y croit plus du tout, c’est trop, c’est trop gros, ça va trop loin et il s’en est fallu de peu qu’il me perde en route. L’outrance de 20 dernières minutes ravira peut-être une partie de son audience, qui trouvera que décidément il ne recule devant rien pour se moquer de lui-même. Perso, je pense que cette fuite en avant n’était pas le meilleur choix parce qu’à mes yeux, cela brouille le « message » du film. Cette fin too much, je crains qu’elle n’éclipse ce qui fait la saveur de « Rock’n Roll », ce qui fait que c’est un film qui fait beaucoup rire mais qui serre le cœur en même temps. Du coup, et ça me désole au vu de toute la première partie, l’impression finale est presque mitigée ! Cette première partie est hyper réussie et, à tous les points de vue (scénario, performance d’acteur, réalisation) originale, drôle, maîtrisée et reconnaissons-le, sacrément gonflée ! C’est cela que je retiendrais du film de Guillaume Canet, plutôt que sa fin, un poil décevante à force de vouloir aller trop loin.

 

Guillaume, toi que je trouve si talentueux et si charmant, toi que j’avais adoré dans « La prochaine fois je viserai le cœur » (Tu le méritais 100 fois, ce César là !), toi qui as eu l’idée géniale d’adapter Harlan Coben avant tout le monde, toi qui parsèmes ton « Rock’n Roll » de musique des années 80 comme Alphaville, OMD et même Plastic Bertrand (merci pour les deux premiers, moins pour le troisième), tu restes « Mon idole » ! Sauf que je t’en veux… A cause de toi, depuis la fin de la séance, j’ai « Quand je t’aime » de Démis Roussos en tête et ça, franchement Guillaume, ce n’est pas cool !

 

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19566978&cfilm=244238.html

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