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Milo, 12 ans, fait une chute de vélo alors qu’il est sous la surveillance de sa jeune tante Marguerite : Urgences, traumatisme crânien, coma artificiel. Cette tragédie va faire voler en éclat la famille de Milo, qui ne tenait déjà qu’à coup de mensonges, de rancœurs et de non dits. Cette famille dysfonctionnelle explose sous le coup du drame, et tout remonte à la surface : les conflits, les drames intimes, les rancunes mal digérées. Sur son lit d’hôpital, le petit garçon assiste impuissant à cette tragédie familiale. Mais si ce drame à tout détruit, il permettra peut-être une reconstruction sur des bases plus solides ? Tragédie en cinq actes : Colère, Haine, Vengeance, Amertume, Pardon, et à l’intérieur de chaque acte : 4 chapitres pour toujours les mêmes protagonistes comme narrateur. Lino, le père alcoolique qui n’a jamais assumé ses origines très modestes, il a rompu avec sa famille à lui et celle qu’il s’est construit, la seule qui lui reste, est bâtie sur du vent. Céleste, la mère courage, qui a toujours souffert d’être la préférée de sa mère, elle porte en elle cette culpabilité diffuse. Jeanne, la grand-mère maternelle, dure et sèche avec son gendre mais surtout avec sa cadette Marguerite qu’elle n’a jamais aimé, fruit qu’un souvenir secret douloureux et déchirant. Et puis Marguerite, fille mal aimée, paumée, embourbée dans l’immense mensonge qu’est sa vie toute entière. Au fil des pages, la personnalité des 4 adultes s’affine, à la fois victime et coupable, parfois de choses très graves, parfois de n’être que ce qu’ils sont. Victimes des autres, victimes d’eux même, ils sont aussi leurs propres bourreaux. Ce voyage au cœur d’une famille est un voyage un peu éprouvant, pas à cause de l’écriture qui est efficace, fluide et percutante comme il faut, mais à cause d’un sujet qui ne cous concerne tous : les relations familiales. Le cinéma et la littérature le savent depuis longtemps, la famille est le lieu de tous les réconforts mais aussi de toutes les violences psychologiques (et parfois physiques), parque que la cellule familiale est un endroit où l’on s’aime, où l’on est censé s’aimer, où on est parfois forcé de s’aimer, et parfois c’est une injonction écrasante. Les 4 personnages sont très écrits, détestables et attachants à la fois, ils crèvent leurs abcès au fil des pages pour se retrouver dans un chapitre final plutôt optimiste au regard de tout ce qui a précédé. C’est un beau roman sur le pardon, comme le titre le suggère, un roman qui explique avec une certaine efficacité qu’il est plus naturel et facile de détester, mais que la pardon, si douloureux à quémander et encore plus à accorder, est finalement salvateur. Un beau roman, très dense, bien écrit et qui reste en tête longtemps après la dernière page.