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Jane Jenkins a été condamnée pour le meurtre de sa richissime mère, avec qui elle entretenait des relations exécrables. Cette ex jet-setteuse, qui était bien trop « à l’ouest » au moment du crime, n’est pas elle-même persuadée de son innocence, et son procès a défrayé la chronique et déchainé les passions de la presse people. Libérée après 10 ans de prison à la faveur d’un vice de forme, elle entreprend de fuir les journalistes et autres paparazzi (et ce n’est pas facile) et surtout d’obtenir des réponses aux trois questions qui la taraudent : qui était vraiment sa mère, qui l’a tué et pourquoi. Sa quête l’amènera bien loin de la jet-set, dans l’Amérique Profonde. Sans être un chef d’oeuvre du roman noir ou du thriller, le tout premier polar d’Elisabeth Little ne manque pas d’intérêt ni d’inventivité. Dans la forme déjà, c’est intéressant : les chapitres sont parfois interrompus par une fausse page Wikipédia, un extrait de PV de la police, une dépêche d’agence, une chronique de blogueur, etc… Cela permet d’éclairer l’intrigue sous un autre angle, c’est malin. Au début, il y a bon nombre de flash back et j’avoue avoir eu un peu de mal à m’y retrouver : ils arrivent comme ça au milieu d’un chapitre, et repartent comme ils sont venus, sans crier gare et parfois, c’est déstabilisant, et on doit relire de peur de perdre le fil. Heureusement, ces retours en arrière, sur la vie d’avant de Jenkins, se font de plus en plus rares au fil des chapitres. Sur le fond, son héroïne ne manque pas de personnalité, ni d’humour, ni d’autodérision. Elle porte un regard acéré et sans concessions sur la bimbo insupportable qu’elle était avant la prison. De la prison, d’ailleurs, il est fort peu question et c’est peut-être un peu dommage. L’intrigue quitte vite la côte Californienne pour le Dakota du Sud et ses cités minières a l’abandon. Là, l’intrigue progresse lentement, parfois un peu trop lentement même. On navigue entre des personnages, en essayant de bien les cerner et c’est difficile. Il y a quelques longueurs, les vrais rebondissements se font plutôt rares, sauf quand on arrive sur la fin et sur un dénouement peut-être un poil décevant, a la fois banal et moyennement crédible (ou, je sais, c’est bizarre mais j’ai eu cette double impression). La fin est un peu abrupte, mais cynique et finalement inévitable. Mais dans l’ensemble, son intrigue se tient si on est indulgent (sur la crédibilité notamment) et on y prend vite un vrai intérêt. « Les réponses » est un premier roman qui a quelques défauts mais aussi quelques qualités assez prometteuses, Elisabeth Little pourrait vite devenir un auteur à suivre.