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Jacques Expert, depuis qu’on me l’a fait découvrir en 2012 avec « Adieu », un auteur de thriller qui ne m’a absolument jamais déçu ! Avec « Deux gouttes d’eau », c’est un retour au suspens psychologique pur et dur après la parenthèse « Tu me plais ». Elodie à été assassinée d’une manière abominable. Son assassin, qui s’est (bêtement ?) fait filmer par une caméra de surveillance, n’est autre que son petit ami Antoine. L’affaire semble bouclée pour le colérique et peu sympathique Commissaire Divisionnaire Laforge. Sauf que… Antoine a un jumeau monozygote parfait, Franck, et personne ni rien ne peut les différencier. Et Antoine d’accuser Franck, et Franck d’accuser Antoine jusqu’à amener une confusion totale dans l’enquête. L’un des deux est un vrai psychopathe depuis l’enfance, et l’autre est innocent et victime d’un frère machiavélique, mais lequel ? Je ne sais pas ce qu’il faut penser de la crédibilité du point de départ (deux jumeaux avec le même ADN et la même anomalie de naissance, à savoir l’absence totale d’empreintes digitales) de l’intrigue mais j’ai décidé de marcher sans l’affaire sans ergoter de ce côté-là. Le roman se déroule sur quelques heures, le temps d’une garde à vue. Si tout semble simple au départ, l’arrivée de Franck, puis d’un témoin, puis d’une femme âgée qui les connait depuis l’enfance, tout concoure à entremêler les fils de cette pelote policière avec gourmandise. En tant que lecteur, on échafaude des hypothèses, et même si j’ai deviné un peu vite comment cela cette pelote allait se dénouer, cela n’a pas entaché mon plaisir de lectrice. Il faut dire que Jacques Expert sait y faire pour distiller le malaise sur la psychologie de ses personnages. Tous les 3-4 chapitres, un flash back vient raconter l’enfance, puis l’adolescence malsaine de ce couple de jumeaux bien trop fusionnel pour être équilibré. On tourne les pages, et le sentiment d’oppression augmente tant le duo Antoine/Franck met mal à l’aise. Ce qui est emblématique de Jacques Expert, c’est que ses personnages de flics sont très souvent détestables (cf « Adieu » ou « La théorie des six »). Ici, Laforge est imbuvable : orgueilleux, cruel, injuste, soupe au lait, colérique et bien trop borderline, n’en jetez plus ! « Deux gouttes d’eau » est addictif, cette spirale psychologique infernale et malsaine nous empêche de le lâcher. Si on ajoute à cela le style efficace et direct, des chapitres courts et percutants et une fin amorale (et ouverte), on referme le livre en se disant que, quand même, cela ferait un sacré bon film !