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Parce que son cabinet d’architecte vient de faire faillite, Stéphanie se retrouve à la rue et sans un sou. Divorcée, sans revenus, la voilà obligée de retourner vivre chez sa maman ou l’attend son lit une place, son bol avec son prénom dessus et la boite de Ricoré avec RTL et/ou Francis Cabrel en boucle. Pas facile de rebondir, à plus de 40 ans, dans ces conditions…
Difficile de faire la critique du film d’Eric Lavaine parce que, même si on passe un bon moment et qu’on rit franchement à certaines situations, le film sonne un peu creux, à cause surtout d’un scénario simple et qui, on le sent assez vite, ne va pas nous emmener bien loin. Pourtant, l’idée de départ n’est pas mauvaise, les quadragénaires obligés de retourner vivre chez leurs parents à cause de ce qu’on appelle pudiquement « les accidents de la vie » sont de plus en plus nombreux, et on ne cohabite pas avec maman à 40 ans comme à 15 ans, c’est évident. Eric Lavaine avait pourtant soigné son casting son offrant à Alexandra Lamy un rôle parfait pour elle, et qui lui permet de jouer sur toute la palette de son talent et de passer du rire aux larmes, de lui offrir des répliques bien senties (et plutôt bien écrites, d’ailleurs). Autour d’elle, Josiane Balasko campe une maman bien moins caricaturale qu’on aurait pu le craindre, aimante et affectueuse (mais qui sait très bien, comme toutes les mamans, faire un chouïa de chantage affectif pour obtenir ce qu’elle veut) et pétries de petites habitudes et de petites manies charmantes. Et puis, est touchante parce qu’elle est amoureuse d’un voisin et cachotière comme une adolescente. Pour ce qui est du caricatural, en revanche, on a le couple Jérôme Commandeur/Mathilde Seigner. Elle, cinglante et autoritaire, avec son mari comme avec sa sœur, lui, éteint et souffre-douleur, on a du mal à croire en un couple si mal assorti. Les acteurs ne sont pas en causes, c’est juste que l’agressivité de Carole, fille ainée de la famille (la plus mauvaise place), est un poil trop décomplexée pour qu’on y croit vraiment. La réalisation d’Eric Lavaine est très académique, assez passe-partout mais de toute façon, ce n’est pas avec ce genre de film très « dimanche soir sur TF1 » qu’un réalisateur à l’occasion d’être audacieux, créatif et même simplement inventif. Il fait le job et il le fait proprement. Il compose quand même un générique de début malin (la belle voiture puis le bus) en forme d’allégorie. Le film ne manque pas de ryhtme, les gags sont drôles sont être improbables ou de mauvais gouts, les personnages sont bien croqués (avec la petite réserve évoquée ci-dessus) et même, par le truchement de la comédie, le film effleure le thème grave du chômage et de la dépression. La scène au Pôle Emploi, probablement moins caricaturale qu’on ne l’imagine, fera rire jaune tous ceux qui ont déjà eu l’occasion d’y mettre les pieds, croyez-moi ! Le souci de film d’Eric Lavaine, c’est qu’avec un postulat de départ intéressant et un thème de société moderne, il avait le matériel pour un film intéressant, pertinent même, qui aurait pu allier la comédie avec un aspect social plus acide (un peu comme Ken Loach le fait en Angleterre, même si c’est une comparaison audacieuse, je le reconnais) et il se contente de ronronner dans la comédie. Il aurait pu jeter un regard sur la détresse psychologique de son personnage, qui doit être bien réelle, et qui n’est vraiment montrée qu’à une seule occasion. Il préfère en vérité se focaliser que l’aspect familial conflictuel que cette drôle de situation met au jour. La fratrie a des vieux comptes à régler, des rancœurs mal digérées, des jalousies minantes et forcément, à l’occasion d’un dîner familial, tout part en vrille. C’est comme « un air de famille » sans la verve et le talent de Bacri/Jaoui, d’ailleurs, difficile de ne pas y penser tant le film de Klapich est devenu une référence sur ce thème. Je dois reconnaitre que cette scène du dîner est assez crédible, et qu’elle est sans concession et surtout sans illusion sur la famille. Cet endroit où l‘on est censé trouver du réconfort mais où les relations sont si exacerbés que le meilleur comme le pire peut en découler. De ce point de vue, le film de Lavaine tient la route, même si le happy end de la fin fait un tout petit peu retomber le soufflé qu’il avait pourtant bien réussi à faire lever ! A la fin, les choses s’arrangent plus ou moins dans tous les domaines, on fait (un peu) semblant d’y croire. Calibré pour une soirée TV devant la première chaine de France (j’entends : première sur la télécommande !), « Retour chez ma mère » est un film agréable, drôle, bien interprété et plutôt bien dialogué. Je regrette juste que son scénario manque un petit peu d’imagination, un peu d’audace et qu’il n’ose presque jamais sortir des sentiers battus et bien jalonnés de la comédie.
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