/image%2F0902697%2F20160314%2Fob_f55d01_la-gifle.jpg)
Quand on lit la quatrième de couverture, on se dit que Christos Tsiolkas tient avec « La gifle » un sujet en or et on se lance dans ce gros roman avec gourmandise. Un après-midi, à un barbecue entre amis et en famille organisés par Hector et Aïcha, un homme gifle un petit morveux qui n’est pas son petit morveux à lui. Ce simple geste, dicté par l’énervement extrême de l’instant, va avoir des répercutions innombrables. Telle une bombe à fragmentation, ce geste (pas très intelligent mais compréhensible dans le contexte) va faire exploser les couples, diviser les fratries, séparer les amis de longue date, les avis sont ultra tranchés et incompatibles et seront le révélateurs de conflits et de rancœurs enfouis bien profondément. Le roman part plutôt bien avec ce barbecue où tout dérape. On flippe un peu quand même devant le nombre impressionnant d’invités et on se dit qu’on va avoir du mal à se souvenir qui est frère avec qui, qui est ami avec qui et surtout (car ça baise beaucoup), qui couche avec qui ou qui voudrait bien ! Mais en fait, ce n’est pas cette multitude de personnages qui pose problème, car l’action ne va se focaliser finalement que sur une toute petite poignée. Le problème, c’est que cette gifle n’est pour Tsiolkas qu’un prétexte pour dépeindre une société australienne moderne qui a perdu le sens des choses. Admettons… Et d’ailleurs sa vision d’une société en perte totale de repère et qui ne sait plus ce qui est bien ou mal est assez pertinente. Le problème, c’est qu’il part dans des digressions souvent peu intéressantes, parfois même carrément barbantes sur des personnages sans intérêt (Connie et Richie notamment), et même si on y revient toujours, on est souvent très éloigné de la fameuse baffe reçue par l’insupportable petit Hugo. Et puis, impossible de s’attacher au moindre de ses personnages puisqu’à des degrés divers, ils sont tous antipathiques : toujours prêts à juger leur prochain sans discernement, à tromper ceux qu’ils prétendent aimer, la réflexion raciste jamais très loin des lèvres. Si Tsiolkas voulait dépeindre au vitriol une société australienne pourrie sous le verni occidental prétendument civilisé, il à réussi son coup. Même si ses intentions sont celles là et qu’il faut avouer qu’il réussi sa démonstration, c’est au prix d’un roman interminable (aux chapitres longs comme un jour sans pain) et pas toujours passionnant, loin de là…