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En une centaine de pages, pas tellement plus, Jean Echenoz fait le tour de la Grande Guerre, vue par ceux qui la font, vu par celles qui les attendent. Le roman, commence le jour de la déclaration de guerre et se termine (assez brusquement) le jour de l’armistice. Cinq hommes d’un même village de Vendée partent la fleur au fusil sur le front, une femme, enceinte de l’un deux attend leur retour. Certains vont mourir rapidement, ou tardivement, sous les balles allemandes ou devant les pelotons d’exécution français, d’autres revenir mais blessés. Personne n’en sortira indemne, comme si c’était tout simplement impossible. Alors évidemment, en 124 pages, il faut tout le talent d’Echenoz pour ne pas se sentir un peu floué : des mois passent d’un paragraphe à l’autre, des années passent d’un chapitre à l’autre, c’est un peu déroutant quand on est habitué comme moi aux romans longs ou l’intrigue avance doucement. Ces petits à-coups de ne sont pas les seuls étrangetés de « 14 », l’humour noir très présent pendant tout le récit désarçonne aussi. Echenoz raconte l’enfer des tranchées avec un vocabulaire décalé, qui n’édulcore rien mais au contraire enlève le côté « plombant » (sans mauvais jeu de mot) du récit de guerre comme on n’en à maintenant l’habitude. Je ne peux pas dire qu’en 125 page on ait le temps de s’attacher aux personnages, ni même de les cerner vraiment. On peut presque lire « 14 » d’une traite, c’est une vision différente de la guerre de 14-18 et comme le style est très fluide, très agréable, cela peut plaire même à ceux que l’histoire fait soupirer d’emblée. Et il y a quelques réflexions, lâchée çà et la, particulièrement intelligentes sui donne à ce tout petit roman une vraie profondeur.