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Vendredi soir, j’avais ma place pour le spectacle de Thomas N’Gijol dans le tout nouveau PMC de Strasbourg, et j’en attendais beaucoup en ces temps difficiles. Au final, j’en suis ressortie plus que mitigée, et même un poil déconfite : moi qui aime le stand up, moi qui avait beaucoup aimé son acolyte Fabrice Eboué il y a deux ans, je n’ai pas retrouvé avec Thomas la même verve, le même rythme et surtout la bonne causticité qui sied au stand-up comme je l’aime. Pendant un peu moins de 2 heures, Thomas aura évoqué son père, sa toute nouvelle famille recomposée, mais aussi les récents attentats de Paris, « Danse avec les stars », les succès tout relatifs de ses deux derniers long métrages et plein d’autre chose encore. Beaucoup de sujets qui partent un peu dans tous les sens, mais ça ce n’est pas un problème, c’est le propre du stand-up et si on soigne un tout petit peu ses transitions, ce n’est pas un problème. Parfois d’ailleurs, Thomas fait mouche : ce qu’il dit sur « dans avec les stars » est terriblement et tragiquement vrai, quand il évoque le terrorisme il désamorce bien la tension actuelle, son petit passage sur les djihadistes bretons fait rire, franchement même. Le problème, à mes yeux, c’est que ces passages sont trop rares et entrecoupés de vrais « trou d’air » ou on sourit vaguement, sans plus, certains passages tombent à plat faute d’être vraiment caustiques. Moi, c’est ça que j’attends du stand up, ça doit cogner, ca doit cogner fort et surtout cogner juste : son tout nouveau bonheur de couple m’intéresse vachement moins, je suis contente pour lui mais c’est tout. Et quand Thomas décide d’être caustique, d’être politiquement incorrect, de cogner enfin et bien ça ne tombe pas toujours dans le mille. Et puis même, à deux trois reprises, on sourit presque jaune, on craint d’avoir mal compris son propos et ça laisse une amertume peu agréable en bouche. Je n’ai pas compris, enfin, j’espère ne pas avoir bien compris son passage sur Dieudonné. Expliquer qu’il ne peut pas dire du mal de Dieudonné parce qu’il a le même public, ce n’est pas forcément exact, et ce n’est pas très agréable à entendre quand on est dans la salle ! Du coup, les applaudissements à ce « gag » sont ambigüs : est-ce le bon mot qui est applaudi généreusement par un public qui sent enfin « compris » ou… Dieudonné lui même ? Bref, à deux ou trois reprises, Thomas N’Gijol semble confondre provocation avec mauvais gout. Attention, je n’ai rien contre l’humour noir, ultra-noir (sans mauvais jeu de mot, évidemment), je sais bien qu’on peut rire de tout et même aller très loin à condition d’être drôle, très drôle : là on peut presque tout se permettre. Je ne reproche pas à Thomas de vouloir évoquer certaines choses, je lui reproche de ne pas être si drôle que cela quand il le fait, et comme l’humour noir est un exercice dangereux, un numéro d’équilibrisme, si on n’est pas drôle : on se casse le gueule ! Et puis, malgré ses efforts pour improviser un petit peu avec le public, comme s’est là aussi le propre du stand-up, il n’est pas arrivé à établir une vraie complicité comme j’en avais vu une avec Fabrice Eboué ou Djamel Debouzze. Non, décidément, ce spectacle là, Thomas, me laisse une impression mitigée un peu étrange… Mais je lui redonnerais se chance si l’occasion se représente un jour, on a tous le droit de temps en temps d’avoir un petit coup de mou.