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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Héloïse, ouille !

Publié par Christelle Point sur 10 Décembre 2015, 17:09pm

Le coin des livres : Héloïse, ouille !

Le truculent Jean Teulé s’attaque au couple mythique Héloïse et Abelard dans son dernier roman. Et quand j’emploie le verbe « attaquer », c’est à dessein car Teulé ne nous décrit pas ici par le menu l’histoire d’une romance passionnée et impossible à faire pleurer dans les chaumières. Non, son Abélard et son Héloïse à lui s’aiment, bien sur, mais surtout ils baisent. Ils baisent tout de suite (il ne résiste pas longtemps, le célèbre théologien qui aurait pu devenir pape !), ils baisent beaucoup, ils baisent dans toutes les positions, tentent les expériences érotiques les plus extrêmes (par moment, je n’en croyais pas mes yeux !), ils se cachent à peine et vont de plus en plus loin dans leur exploration de la sexualité. C’est bien simple, toute la première moitié du livre n’est qu’une succession de scènes scabreuses pour public adulte et averti, à ne pas lire d’une traite sous peine d’être écœurée au bout d’un moment. Le langage très fleuri, imagé et en même temps cru de Jean Teulé fait merveille avec ce genre de scènes, qui ne sont pas dénuées d’un humour efficace, légèrement anachronique. Mais très vite, on sent qu’il y a un vrai attachement entre ces deux amants là, surtout de sa part à elle. Il y a chez Héloïse une modernité, une fraicheur, une joie de vivre et de profiter de la vie qui la rend adorable. Et puis au milieu du roman : couic ! A partir du moment où Abélard est châtré, leur route se séparent : elle prend le voile contrainte et forcée tout en gardant en elle tout l’amour (et la passion charnelle) qu’elle avait pour lui. Lui, en revanche, retourne à ses interrogations théologiques, à ses procès en hérésie qu’on lui intente et finit par trouver dans cette abstinence forcée une punition divine méritée et salvatrice : c’est peu dire qu’ils ne sont plus du tout sur la même longueur d’onde ! Tandis qu’Héloïse s’arrange comme elle peut de la vie monastique, Abélard erre, retrouve des élèves qui l’écoutent, prends la direction d’un monastère bretons de moines obsédés sexuels (et rebelote pour les scènes pornographiques improbables) et finit par s’éteindre dans le dénuement quasi-total. Lui, le plus grand théologien du XIIè siècle, celui qui aurait pu devenir pape, meurt en étant la risée du royaume de France tout entier, juste parce qu’il est tombé amoureux d’une jeune fille charmante et pleine de vie. Toute la seconde partie tire un peu longueur, on alterne entre elle et lui jusqu’à la mort de l’un, puis de l’autre. Jean Teulé construit ses romans sur des bases historiques solides, j’imagine qu’il en est de même pour celui là. Ce n’est pas son meilleur roman, et c’est clair qu’il ne doit pas être mis entre toutes les mains mais quand on sait dans quoi on met les pieds, on passe un moment agréable, ne serait ce que grâce au style littéraire savoureux et inimitable de Jean Teulé.

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