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Après une première expérience intéressante mais éprouvante dans l’univers de David Vann, je me suis laissée tentée par un deuxième roman au titre prometteur « Désolations » et au pluriel s’il vous plait… Point commun avec « Sukkwan Island », un homme en pleine crise de la cinquantaine décide de construire une cabane à partir de rien sur une île d’Alaska quasi inaccessible et d’y passer l’hiver. Très angoissée à l’idée que son mari ne la quitte, sa femme Irène l’accompagne dans sa lubie même si elle est terrassée par des migraines inexplicables qui la clouent sur place. Mais Gary, le quinquagénaire obstiné, n’a pas mesuré ni anticipé combien c’est difficile de construire une cabane en bois quand on est dentiste et l’aventure va tourner au cauchemar. Plus de personnages que dans « Sukkwan Island », plus d’intrigues, plus de digressions et moins de tension. En réalité, il n’y a bien que les chapitres Irène/Gary qui passionnent, parce que l’on sent d’emblée que tout va mal finir, comme une spirale infernale. Le couple se délite jusqu’au chapitre (presque) final, inévitable, implacable, qui tire en longueur mais de façon tout à fait justifiée. Les autres chapitres, concernant les histoires de cœur et de cul de la fille Rondha et son futur ( ?) mari Jim sont nettement moins intéressantes. Mais ce qui est particulièrement pertinent chez David Vann, c’est son exploration de la psychologie humaine et des rapports entre les gens, tous ces ego qui se côtoient, s’apprivoisent, se trahissent, s’aiment ou se détruisent sont particulièrement bien dessinés. Dans « Désolations », les hommes dune manière générale ne sont pas à la fête : le père, le frère, le futur gendre, tous font preuve d’un égoïsme confondant. Quant aux femmes, elles ne sont pas autre choses que des suiveuses une peu naïves. L’obstination ridicule de Gary à vouloir construire sa cabane alors que clairement, il n’en n’est pas capable, est presque incompréhensible, mais pas autant que sa femme qui le suit dans son expérience étrange malgré sa douleur, juste parce qu’elle a peur d’être seule. David Vann ne fait pas preuve de complaisance à propos de ses contemporains !