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Parce qu’ils n’ont aucune piste dans une enquête sur un sérial killer aux motivations incompréhensibles, les enquêteurs du FBI d’Atlanta Joe Merriwether et Katherine Cowles font appel à un médium retraité, John Clancy, avec qui Merriwether a déjà travaillé. Clancy, qui vit reclus et solitaire depuis la mort de sa fille, finit par se laisser convaincre. Grâce à ses visions, il parvient à dénicher un point commun entre toutes les victimes, un point commun que seul un homme comme lui peut deviner. Il lui apparait alors clairement que le tueur est comme lui, en proie à des visions qui lui font deviner l’avenir. Problème : comment diable retrouver un homme qui à toujours deux coups d’avance sur l’enquête ?
Il y a des thrillers qui brillent par un souci permanent de crédibilité, d’autres qui se distinguent par une réalisation soignée, d’autres enfin qui recherchent l’originalité à tout prix. « Prémonitions » n’est pas vraiment de ces thrillers là… Point de vue crédibilité, on est assez proche de 0. Mais le film ne prends pas en traite, rien qu’au résumé et à la bande annonce on sent bien qu’on ne va pas vraiment y croire… Moi, çà ne me dérange pas qu’un film me raconte une histoire à la limite du farfelu, à partir du moment où les choses sont claires d’emblées. C’est le cas ici, on se retrouve devant un thriller hollywoodien pur sucre, au scénario assez formaté pour plaire au plus grand nombre. Evidemment, il vaut mieux ne pas trop en dire sur l’intrigue, déflorer le sujet reviendrait à enlever à « Prémonitions » quasiment tout intérêt ! Tout juste peut on qualifier le scénario de retors, avec des flash back et des petits flash forward (forcément, c’est plus ou moins le sujet du film) mystérieux et/ou angoissants. Malgré sa complexité, le scénario est parfaitement lisible : il tente bien de nous embarquer de temps en temps vers des fausses pistes mais elles sont un peu trop « évidemment fausses » pour qu’on marche vraiment. A la limite on peu se faire avoir la première fois mais vu que la réalisation n’hésite pas à utiliser plusieurs fois le même artifice, on ne fait prendre qu’une seule fois… Il y a quelques touches vaguement religieuses au propos de « Prémonitions » mais sans excès et ce n’est pas plus mal. La réalisation d’Alfonso Poyart respecte bien le cahier des charges du genre : la poursuite en voiture avec la belle cascade finale, les ralentis super ralentis, les plans aériens inévitables. Quant aux fameux « flashs » de Clancy, ils sont filmés comme on s’y attendait, montage super rapide, images qui se succèdent de manière saccadées sans liens apparents (mais qui trouveront une explication dans les minutes suivantes), musique qui fait sursauter, avec le petit sentiment de malaise qui va bien : rien de révolutionnaire ! Il y a bien quelques tentatives pour faire de beaux plans, pour utiliser la musique de manière un peu plus subtile, mais là encore c’est un peu timide. Côté casting, Antony Hopkins incarne un médium vieillissant, un peu taiseux, au regard pénétrant. Il rend son personnage plutôt sympathique sans pour autant impressionner la pellicule comme il a pu le faire dans quelques uns de ses rôles précédents : on est loin du charisme d’Hannibal Lecter. Décidément, ce rôle de psychopathe lui colle à la peau et tout ce qu’il fait depuis dans le genre « thriller » le renvoie toujours vers cette performance, comme une malédiction ! Comme quoi, les très grandes performances dans les très grands rôles peuvent aussi se révéler des pièges. Colin Farell, qui arrive fort tard dans le film, tient lui aussi son rôle de composition. Il donne à son personnage une ambigüité assez bienvenue et qui est au final la seule vraie originalité de « Prémonitions », avec ce personnage, le Bien et le Mal se mêlent, les frontières deviennent floues et c’est plutôt intéressant. Jeffrey Dean Morgan (que je confonds régulièrement avec Clive Owen !) et Abbie Cornish donnent vie quant à eux à deux policiers assez lisses (surtout elle). Leur performance, assez propre, est éclipsée par la confrontation de Hopkins et Farell et ils ont un petit peu de mal à exister à l’écran (surtout elle). Leur rôle aurait pu être un peu plus écrit, leur personnalité un peu plus pointue (surtout elle). « Prémonitions » est un thriller efficace comme le cinéma américain peut en proposer une dizaine par an, il ne sort pas du lot, en grande partie parce qu’il est réalisé de manière propre mais sans personnalité ni véritable originalité. Avec son casting, et notamment ses deux têtes d’affiche, il attirera peut-être en salle des spectateurs peu regardants, à la recherche d’un thriller qui les tiendra en haleine pendant presque deux heures sans rien exiger de plus. Le problème, c’est qu’ils auront bien vite oublié ce film qui ressemble à tant d’autre sur la forme et auquel ils n’auront pas cru une seconde sur le fond.
Petit coup de gueule pour conclure : le titre original de ce film est « Solace », qui signifie « réconfort ». Comme un petit génie à cru utile de transformer « réconfort » en « prémonitions », le générique de début devient de facto un pur moment de n’importe quoi : A l’écran il est écrit : « Prémonitions », définition : qui apporte l’apaisement ! Non mais franchement… Quand les distributeurs français comprendront ils ENFIN qu’il vaut TOUJOURS mieux garder les titres originaux ?
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