Le coin des livres : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », unique roman écrit (à ce jour) par Harper Lee est devenu un classique de la littérature américaine que les lycéens étudient en cours de littérature aux Etats-Unis. Enfin, peut-être pas partout aux Etats-Unis, au regard du thème développé. Dans le Sud ségrégationniste des années 30, Scout et son frère Jem sont élevés par leur père et leur bonne noire. Le père, Atticus, est veuf, avocat, idéaliste et aimant bien que très occupé. Scout, la narratrice, véritable garçon manqué, suit son frère partout et porte un regard naïf sur le monde compliqué qui l’entoure. Le jour où Atticus accepte de défendre un noir accusé du viol d’une blanche, Scout et son frère basculent d’un seul coup dans un autre monde, on se met à les insulter, les menacer, les intimider. Mais Atticus tient bon, et Scout et Jem apprennent à son contact qu’il y a des convictions qui méritent bien qu’on se batte pour elles, même seul contre tous. Un roman sur l’enfance qui commence de manière anecdotique, par les aventures comiques d’une gamine délurée qui n’a pas sa langue dans sa poche. On est touché par sa spontanéité, par la complicité qui la lie à son grand frère et par la tendresse pleine de retenue de leur père envers eux. Mais jusqu’au milieu du roman, on reste un peu sur sa fin et puis les événements se précipitent et on est complètement passionné par ce procès étrange, joué d’avance qui pourtant sera mené avec le plus grand sérieux par la Défense. La dernière partie, plus douce-amère que le début, imprime l’idée que pour Scout et sa famille, plus rien ne sera comme avant, pour le meilleur et pour le pire. C’est écrit dans un style très accessible, c’est souvent tendre et amusant mais çà soulève des problématiques essentielles, et çà le fait sans naïveté ni manichéisme. C’est un classique qu’il faut avoir lu, même si on n’est pas un lycéen américain.