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Je vais dire quelque chose qui va faire hurler pour commencer cette critique : je ne suis pas fan du cinéma de Michel Gondry. Encore plus fort, deuxième hurlement : je n’ai pas été touché, ni émue, ni bouleversée, ni rien du tout par « Eternal sunshine of the spotless mind », que beaucoup considère comme un chef d’œuvre et qui moi, m’a laissé sur le bord de la route ! Voilà, çà c’est dit ! Alors pourquoi aller voir son dernier film ? Bonne question… Pour deux raisons : la première c’est que celui la à l’air plus dans le style « Soyez sympa, rembobinez » que « La science des rêves » et qu’ensuite, il a été tournée en partie dans une région que je connais bien et que çà me faisait plaisir de voir le Morvan de mon enfance sur l’écran.
Théo et Daniel ont 15 ans à peine, et sont amis de collège à Versailles. Pas très populaires parmi les camarades, mal à l’aise dans leurs familles respectives (assez déstructurées dans deux genres différents) et tiraillées par la puberté, ceux que les autres surnomment Microbe (Daniel) et Gazoil (Théo) sont inséparables comme on peut l’être à cet âge. Comme Théo est un bricoleur de génie, ils entreprennent de construite une voiture de toute pièce, mentent à leur familles respectives et partent sur les routes avec leur drôle de véhicule : l’aventure commence…
Avec « Microbe et Gazoil », Michel Gondry renoue avec l’univers qui était le sien dans « Soyez sympa, rembobinez », c'est-à-dire l’univers de la comédie faites de bric et de broc, une comédie qui met davantage l’accent sur les personnages que sur son univers, ses décors surréalistes et ses effets spéciaux lunaires. Personnellement, je préfère de loin ce Gondry là à celui de « La science des rêves », mais çà n’engage que moi. « Microbe et Gazoil » creuse un peu plus le sillon des films sur l’enfance et le passage à l’âge adulte, et il choisit la forme du road-movie pour illustrer cette thématique. Bon, c’est un road-movie style Gondry, qui ne dépasse pas le 10km/h et qui fait beaucoup de fumée, qui part de Versailles pour finir à Auroux-en-Morvan mais c’est un road movie quand même ! C’est bien filmé, c’est souvent drôle, c’est un peu plus lourd sur la fin (parce qu’à la fin, l’enfance est terminée) et c’est plutôt bien interprété par Ange Dargent et Theophile Baquet. Pourtant, j’ai eu un peu de mal avec ces deux jeunes acteurs dans les 15 premières minutes du film, je les trouvais un peu à côté de leur rôle, leur personnages ne sonnaient pas très vrais,ils se cherchaient mais c’est peut-être parce que le début de « Microbe et Gazoil » se cherche lui aussi, il est un peu poussif, un peu trop long et trop lent. En fait, jusqu’à ce qu’ils partent sur les routes, j’étais un peu déçue par un film qui n’arrivait pas à démarrer, dont je ne comprenais pas bien où il voulait aller et j’ai crains d’être encore une fois laissé sur le bord de la route. Une fois le périple commencé, çà va mieux, c’est plus fluide, on trouve le temps moins long, c’est plus rythmé et surtout on s’intéresse enfin à ces deux gamins qui partent sur la route sans autre but que… de partir sur la route. Il faut dire que leurs familles respectives sont particulièrement déprimantes et caricaturales. Dans celle de Daniel, la mère permissive, dépressive et un peu allumée est interprétée par une Audrey Tautou qui fait ce qu’elle peut mais son rôle est illisible, trop caricatural pour qu’on s’y intéresse vraiment. Quant aux parents de Théo c’est pire : mère agressive, père odieux, là encore on y croit à peine. En fait, tous les personnages autour de Théo et Daniel sont dessinés à grands traits, sans nuance, sans profondeur, sans intérêt pour tout dire. Visiblement ce qui intéresse Gondry, c’est le duo dépareillé de gamins en quête… En quête de quoi d’ailleurs ? Bien malin qui peut le dire et surement pas eux ! Le film, peut –être un poil trop long et trop outrancier par moment, ne va pas fonctionner sur tout le monde. Moi, j’avoue que j’ai été à deux doigts de décrocher par moment. Et puis, une petite incursion dans le surréalisme vers la fin (le voyage de retour) à failli m’achever ! Je crois que malgré son inventivité, son côté gentiment bucolique et ses quelques scènes comiques réussies, « Microbe et Gazoil » ne me laissera pas un souvenir terrible. Reste quand même au final une impression de poésie, de naïveté et de légèreté qui, même si elle est fugace, ne fait pas de mal.
Quant aux décors naturels, puisque c’est une des raisons qui m’ont poussé vers « Microbe et Gazoil », ils rendent justice au Morvan ensoleillé et verdoyant que j’ai fréquenté toute mon enfance : des jolies forêts, des lacs bien tranquilles, des près avec des vaches qui ruminent en te regardant passer et des petits torrents rafraichissants. En revanche, la ville d’Auxerre, elle, ne sort pas grandie du film de Michel Gondry : entre commerces fermés et centres commerciaux louches et mal famés, c’est l’office du tourisme de la ville qui va faire la gueule !
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