/image%2F0902697%2F20150619%2Fob_7d70d5_philomena.jpg)
J’aime bien Stephen Frears et sa façon de raconter des histoires. Même s’il lui arrive de passer un peu à côté de son scénario, comme dans « Tamara Drew », ses films sont toujours fins, drôles et so british, tout en ayant du fond. Et « Philomena » est, je vous l’annonce, un bon Stephen Frears, vraiment…
A 20 ans, la jeune irlandaise Philomena tombe enceinte. Reniée par son père, elle est placée dans un couvent de religieuses qui vont lui faire expier sa faute en la faisant accoucher dans des conditions inacceptables, en la faisant trimer comme blanchisseuse et en vendant son bébé à des riches américains. 50 ans plus tard, Philomena, au seuil de sa vie, n’en peut plus de ce secret et veut retrouver son fils Anthony, tout juste quinquagénaire. Un journaliste londonien, dépressif, snobinard et légèrement (même carrément) condescendant voit en cette histoire un bel article à rédiger. Les voilà donc partis tous les deux en Amérique sur les traces d’Anthony. Ils ne s’attendent pas à ce qu’ils vont découvrir.
Il y a beaucoup d’amour dans le film de Stephen Frears, et pas mal de douleur et de révolte. Si le sujet fait invariablement penser au film de Peter Mullan « The Magdalene Sisters », l’angle choisi est très différent. Là où Peter Mullan livrait un peinture cruelle et froide de l’immense scandale des couvents irlandais et de leur « méthodes », Stephen Frears choisi une femme de 70 ans qui, parce qu’au fond elle reste très croyante et pratiquante, n’a pas de réelle haine envers les sœurs qui l’ont tant maltraité. C’est assez désarmant même par moment, cette bonté, cette faculté de pardon que l’ont sent dans le regard bleu de la formidable actrice qui incarne « Philomena », Judith Dench. Loin d’être brisée par cette expérience, Philomena semble en avoir tiré une force de vie et d’amour de son prochain qui semblent presque incongrus au regard de ce qu'elle a vécu, y compris aux yeux du journaliste qui l’accompagne. Il y a des petites pointes d’humour qui viennent parsemer tout le film, des petites touches d’humour typiquement british (j’aime beaucoup !) et qui désamorcent les scènes qui peuvent paraître un peu dures. Il n’y a pas de pathos dans ce film, enfin, pas trop, parce que c’est impossible avec un sujet comme celui-ci de ne pas sentir les larmes poindre par moment. Le scénario est tiré d’une histoire vraie, ce qui ne manque pas de faire froid dans le dos. Il y a deux moments clés dans ce film, où l’intrigue bascule, et si j’avais un peu vu venir la seconde, la première m’a pris un peu par surprise et çà n’arrive pas si souvent ! Je n’ai pas vu passer les 1h38, je n’ai pas noté de baisse de rythme, ni de scènes inutiles. Judith Dench crève l’écran (mais c’est une immense actrice), et à ses côtés Steve Coogan est légèrement en retrait. Son interprétation de Martin Sixsmith toute en délicatesse, est cependant remarquable de flegme britannique, sauf à la fin où la révolte, la colère est trop forte et qu’il cache mal son dégout de l’attitude d’une veille bonne sœur (une vieille s…, n’ayons pas peur des mots !). Cette scène finale est surement la seule pendant laquelle on se sent plus proche du personnage de Steve Coogan que de celui de Judith Dench, c’est le seul moment où on a vraiment du mal à adhérer à son attitude de femme sage et raisonnable !
En résumé « Philomena » est un bon film, qui taille une petite croupière à l’Eglise Catholique Irlandaise, qui serait malvenue de s’en plaindre vu qu’elle ne l’a pas volé. Grâce à l’histoire (vraie) de Philomena et de toutes les autres femmes dans sa situation, Stephen Frears fait, à sa façon, œuvre salutaire de mémoire et leur rend (un peu et tardivement) justice.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19536976&cfilm=213656.html