/image%2F0902697%2F20150325%2Fob_42186f_lincoln.png)
Que dire de ce film, ce long film de presque 2h30 sur un des présidents les plus illustres de l’histoire des Etats-Unis, et que nous, européens, connaissons si mal ? En sortant de la séance, difficile pour moi de conseiller ou pas ce film, tant il me faut le temps de le « digérer ». C’est peu dire qu’il s’agit d’un film austère, peu spectaculaire, plein d’emphase (et parfois un peu ampoulé) mais surtout d’un film complexe. Moi qui me targue d’être assez au fait de l’histoire américaine et du fonctionnement de la vie politique US, j’ai parfois du m’accrocher et au final, je ne suis pas sure de mieux connaitre Abraham Lincoln qu’avant la séance.
Janvier 1865, la guerre civile américaine entame sa 4ème année et les états confédérés du Sud sont sur le point de capituler. Lincoln, président républicain, vient d’être réélu sans problème à la Maison Blanche et entame son 2ème mandat avec une idée fixe en tête : faire voter le 13ème amendement à la Constitution avant la reddition du Sud : l’abolition de l’esclavage, le nœud su conflit. Pour cela, il a besoin d’une majorité des 2/3 à la Chambre des Représentants et pour cela, il lui faut faire le plein d’un camp républicain tiraillé entre les différents courants et débaucher des démocrates très hostiles à l’abolition.
Au lieu de faire un biopic dans les règles de l’art, Spielberg prend tout le monde à contrepied en concentrant son film sur quelques semaines de janvier 1865, les semaines décisives avant le vote du fameux 13ème amendement. Il met en scène un Abraham Lincoln vieillissant et usé par le poids des responsabilités mais politiquement obstiné à obtenir une abolition de l’esclavage. Daniel Day Lewis est juste incroyable dans ce rôle à Oscar, il joue le président américain avec une sobriété totale et, dans le même temps, réussi à donner à son personnage un charisme, une aura particulière, qui dans certaines scènes, prends aux tripes. Le scénario est quand même très complexe, et même quand on sait dans quoi on met les pieds ! Il faut replacer cet épisode dans le contexte de la fin de la guerre de Sécession, l’abolition de l’esclavage est à la fois un moyen de forcer la reddition du Sud (et donc de mettre fin à une boucherie dont, en Europe, on a souvent du mal à mesurer l’ampleur) mais une reddition du Sud avant le vote empêcherait cette abolition, vous suivez ? De la même manière, on se perd à force d’essayer de comprendre qui est républicain et qui est démocrate et qui défends quels intérêts. Avec le prisme qui est le nôtre aujourd’hui, voir la droite républicaine défendre l’abolition et les démocrates voter « non », c’est déstabilisant ! En fait, il faut prendre ce film avec un peu de recul et surtout beaucoup d’humilité. Il faut le voir sans idées préconçues et en essayant de garder à l’esprit que la vie politique américaine est, depuis toujours, le royaume du compromis et du lobbying, parfois à la limite de la corruption. Une des plus importantes avancées législative de l’histoire des USA a été votée grâce au parti Républicain, au lobbying et à la corruption, voilà qui remet les mythes en place ! Il faut donc bien se concentrer pendant le visionnage de « Lincoln », c’est un film exigeant qui, c’est sur, ne plaira pas à tout le monde. Je ne vais apprendre à personne (enfin j’espère…) mais il n’y a pas de suspens dans « Lincoln », à la fin, le 13ème amendement est voté, l’esclavage est aboli et Lincoln est assassiné dans un théâtre ! Son rythme est lent, il n’y a quasiment de pas de scènes un tant soit peu spectaculaires, beaucoup de dialogues, souvent avec un peu (trop ?) d’emphase. Quelques scènes sont superflues, quelques digressions (le fils ainé qui veut s’engager parce qu’il est écrasé par la personnalité de son père) dont Spielberg aurait pu se passer. Il est aussi des scènes que moi je n’ai pas compris (la scène du tribunal avec le Général Lee) faute de développement. Mais dans l’ensemble, j’ai l’impression d’avoir passé un moment de cinéma intéressant, exigeant, qui « tire vers le haut », et c’est une impression assez rare.
Un petit coup de gueule quand même : « Bilbo le Hobbit » de Peter Jackson : 2h45, « Django unchained » de Quentin Tarantino : 2h45, « Lincoln » de Steven Spielberg : 2h30… Pourquoi çà tire en longueur comme çà ? Il ne faudrait que ces grands réalisateurs s’imaginent que la durée d’un film à quelque chose à voir avec sa qualité ! N’en faisons pas une nouvelle mode, par pitié !
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19428336&cfilm=61505.html