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Attention, ce film avec son titre, son pitch et sa bande annonce est légèrement trompeur, c’est un film qui vous prends un peu en traitre. On s’attend à voir un film sur un accident d’avion, avec une enquête qui suit pour établir les responsabilités diverses et variées et avec un pilote en ligne de mire, et on se retrouve devant un film qui traite presque exclusivement de l’alcoolisme ! Cela étant dit, même prise en traitre, je reconnais à « Flight » des qualités indéniables et des défauts… inévitables !
Whip Whitaker est pilote de ligne et il prend les commandes, en ce matin d’octobre, d’un avion qui s’avèrera très vite être gravement défaillant. Au prix d’un sang froid assez impressionnant (et surement propre aux pilotes de ligne !), il parvient à faire atterrir son avion en catastrophe, sauvant 96 personnes d’une mort certaine. Les médias américains, comme ils savent si bien le faire, érigent Whip en héros, mais les enquêteurs de l’aéronautique font leur travail, méticuleusement. Et il s’avère que le commandant Whitaker, ce nouveau héros américain, à un très sérieux problème avec l’alcool et aussi avec la cocaïne. Et comme le crash a fait 6 victimes, il pourrait très vite passer de héros à bouc émissaire.
La première chose à dire sur « Flight », c’est que c’est l’occasion pour Denzel Washington d’incarner un vrai antihéros comme on les aime. De la première image à 10 minutes de la fin environ, le commandant Whitaker nous inspire beaucoup de sentiments, et parfois des sentiments contradictoires. Il est souvent exaspérant, il fait pitié, on le trouve même parfaitement odieux à de nombreuses occasions, mais on n’arrive pas à se départir d’une certaine « tendresse » pour lui. Surement parce que son alcoolisme est présenté exactement pour ce qu’il est, une maladie et que Whip est à la fois héros et accusé, à la fois coupable et victime. Washington est très juste dans son personnage, comme les autres acteurs d’ailleurs, mais comme il est quasiment dans chaque plan, on finit par ne voir que lui. C’est d’ailleurs peut-être un petit défaut de ce film, les seconds rôles ne sont pas assez écrits et certains mériteraient plus d’épaisseur. Le scénario dénonce le cynisme avec lequel les différents mis en cause (la compagnie aérienne, le constructeur, la maintenance de l’aéroport) ouvrent les parapluies et on sent assez vite que le commandant de bord va payer pour tout le monde, alors le crash n’est pas de son fait et qu’il a évité le pire. Là encore, je trouve que le scénario ne va pas assez loin et la scène dans le stade de baseball, une scène importante de ce point de vue, n’est pas vraiment suivie d’effet. En fait, le principal regret que je nourris à propos de « Flight », c’est qu’il passe un petit peu à côté de son sujet, en trop focalisant son intrigue sur l’alcoolisme de Whitaker et sur le conflit intérieur qui est le sien (mentir et se sauver, ou dire la vérité et payer pour un crash dont il n’est pas responsable), il néglige l’aspect judiciaire et « capitaliste » de l’affaire alors qu’il y aurait eu un beau sujet à traiter sur la notion de bouc émissaire. Mais le film préfère s’attarder sur la rédemption du commandant en proie à ses démons. Beaucoup, du coup, trouveront « Flight » un brin moralisateur, surtout sur la fin. Je ne serais pas aussi sévère même si, moi aussi, j’aurais bien amputé ce film des 10 dernières minutes qui sont trop appuyées, trop obligées. La fin, qu’on voit venir de loin quand même, est à plein de points de vue, inévitable. Et traitez moi de naïve ou d’idéaliste (ce sont des défauts que j’ai et que j’assume, mieux, que je revendique), mais cette fin, moi, me convient. Une fin plus cynique aurait été pour le coup très politiquement incorrecte mais aussi, de mon point de vue, moralement difficilement acceptable. Du point de vue de la réalisation, il n’y a rien à redire, c’est très appliqué et Robert Zemeckis n’est pas le premier venu pour les scènes difficiles à filmer. La scène du crash, filmée (sauf erreur de ma part) en temps réel et qui dure à peu près 15 minutes, vous scotche sur votre fauteuil. Dans la salle, pendant ces 15 minutes très intenses, je peux vous assurer que çà ne mouftait pas ! Zemeckis s’était fait la main sur l’excellent « Seul au monde » avec Tom Hanks, mais il s’agissait du crash d’un petit avion. Là, avec un gros porteur, l’effet est encore plus… terrifiant. Et l’on se dit, écrasé dans son siège, que si un jour on se retrouve dans un avion qui fait un piqué, on voudrait avoir un Whip Whitaker aux commandes, et tans pis s’il est bourré !!!
Si j’avais été scénariste (et on sait jamais ce que l’avenir peut réserver ! Peut-être que mes critiques si bien écrites vont se répandre un jour comme une tache d’huile jusqu’à Steven Spielberg !!!), j’aurais écrit la dernière réplique différemment. Quand on demande à Whip Whitaker qui il est, je lui aurais fait répondre « Je suis Whip Whitaker, pilote de ligne. Ivre, j’ai sauvé 96 personnes, tu imagines quel pilote j’aurais pu être si je n’avais pas été alcoolique… ».
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