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Une friandise, un petit bonbon anglais, voilà comment on pourrait résumer le tout petit livre délicieux d’Alan Bennett. A 79 ans, la reine Elisabeth II se découvre une passion aussi tardive que dévorante pour la littérature. « Qui a lu, lira », la queen dévore les romans, les essais, la poésie matin, midi et soir, négligeant quelque peu le protocole et bousculant l’univers guindé des Windsor. En effet, quand on est une personne aussi publique, qui s’appartient aussi peu que la reine d’Angleterre, le choix de lire, pire, le choix de ce qu’on aime lire pose mille et un problème ! Mais Liz est une vieille dame intelligente qui en a vu d’autres, obstinée et sûre d’elle, ce n’est pas un Premier Ministre parmi d‘autre ou un chef du protocole mal embouché qui la fera renoncer… Un tout petit roman qui met en lumière l’amour des livres, l’amour de la chose écrite et qui forcément, me touche pleinement. C’est écrit dans un style faussement précieux, très ironique (très british) qui correspond assez bien au sujet. La reine y est dépeinte avec une vraie tendresse, comme un dame honorable qui découvre un petit plaisir solitaire alors qu’elle a passé sa vie à incarner le Commonwealth et donc à constamment se surveiller à tous propos. Elle néglige ses tenues (shocking !), arrive en retard aux inaugurations, planque ses livres pour que les services secrets ne les fasse pas sauter tels des vulgaires colis abandonnés, conseille ou offre des livres à tout de bras et vérifie après que vous les avez bien lus, bref, tout à son nouveau petit plaisir, elle se laisse aller à être une femme presque comme les autres et çà emmerde plein de monde. C’est savoureux, très drôle (humour anglais : mon préféré), tout léger et l’occasion d’une galerie de personnage croqués avec une certaine férocité. Avec, en prime, une fin étonnante que je n’avais pas trop vu venir alors que, finalement, quand on réfléchis un peu, c’est une fin très logique.