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A intervalles réguliers, le cinéma québécois nous gratifie d’un petit bijou d’humour et de tendresse. « Monsieur Lazhar » est petit bijou, tiré d’une pièce de théâtre, mis en scène par Philippe Falardeau, ce film donne l’occasion au comédien algérien Mohamed Fellag de composer avec beaucoup de talent un personnage tout en nuance.
Une classe de primaire de Montréal perd sa maîtresse dans des circonstances particulièrement douloureuses en pleine année scolaire. Quelques jours après le drame, M Bachir Lazhar se présente de lui-même pour remplacer le professeur. Immigré algérien en pleine procédure de demande d’asile politique, il parvient à convaincre la directrice de l’école de lui confier la classe traumatisée. Même si ses méthodes, plutôt désuètes, déconcertent les enfants, bientôt se crée une complicité entre eux et leur tout nouveau maître, qui a lui aussi des douloureuses cicatrices de son passé algérien à panser.
Je ne pense que du bien de ce très beau film, nominé en son temps aux Oscars dans la catégorie « meilleur film étranger » en 2012 et couvert de prix dans les festivals francophones du monde entier. Je n’en pense que du bien parce que, tout simplement, il ne n’a pas la prétention de faire passer un message simpliste ou une morale facile sur un sujet qui s’y prêterait pourtant facilement. Il y a dans ce film et dans son scénario quelques moments franchement bouleversants qui ne sombrent jamais dans le pathos ou le larmoyant, il y a beaucoup de retenue dans ce film, qui traite avant tout de la confrontation des enfants avec la mort violente, de la culpabilité et du deuil. Il y a aussi de très beaux moments d’humour tous légers enveloppés dans de la tendresse (le coup du dictionnaire ou de la dictée sur Balzac). Pas de happy end non plus, mais plutôt une belle fin qui serre la gorge sans trop en faire là non plus. Le casting est formidable chez les enfants d’abord, très naturels même dans les scènes difficiles. Mais Mohamed Fellag, acteur algérien relativement connu mais très sous-employé par le cinéma francophone trouve là un sacré rôle. Tout en retenue, oscillant toujours entre la joie de vivre et la détresse, il compose un professeur qui cherche à soigner ses propres traumatismes en soignant ceux de ses petits élèves, que le monde entier autour refuse de voir pour ce qu’il est. Ses méthodes d’enseignement « à l’ancienne » en font un personnage décalé : dire à des petits élèves de 11 ans « c’est extrait de « L’écume des jours » de Balzac que vous connaissez surement », c’est drôlement mal connaître les enfants de 11 ans d’aujourd’hui, de Montréal comme d’ailleurs ! Mais son obstination à vouloir parler de la mort avec les enfants alors que tous les autres adultes nient l’ampleur du traumatisme rend son personnage encore plus décalé que ses expressions désuètes et ses dictées balzacienne ! Le film, assez court, passe comme un éclair et quand le générique de fin arrive à l’écran, on se sent comme orphelins de ce professeur si particulier. On va passer sur les toutes petites déceptions du film, les toutes petites lacunes, les personnages sur lesquels on aimerait en savoir plus (comme cet enfant malingre et migraineux qui cache quelque chose, mais le sujet n’est qu’effleuré) ou les intrigues nouées et dénouées trop vite, comme la relation très légèrement ambigu de Bachir et sa jolie collègue Claire. Mais qu’importe ces petites scories, « Monsieur Lazhar » est un vrai beau moment de cinéma, avec des vrais morceaux d’accent québécois dedans, la cerise sur la gâteau !
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