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Je le concède bien volontiers, le tout dernier film de Dominique Farrugia a tout de la machine à cash : un casting sans véritable prise de risque avec deux stars très « bankables », un sujet tout sauf inédit (le voyage dans le temps qui permet de réparer ses erreurs) et qui offre des occasions d’effets comique en pagaille, tout çà sans la bonne grosse comédie qui va bien marcher parce qu’elle joue sur du velours. Mais quand on a dit çà, on n’a pas tout dit alors, au final, çà donne quoi ?
Eric et Patrice sont deux amis d’enfance qui les sont restés malgré des parcours très différents : Patrice est un médecin réputé, marié et papa qui gagne bien sa vie mais s’ennuie ferme et Eric est un loser volage qui tire le diable par la queue. A la suite d’une mauvaise cuite et d’une mauvaise chute, ils reviennent en 1986, l’année de leur bac, une année charnière et décisive. Et s’ils profitaient de cette opportunité inattendue pour échanger leur destin et vivre la vie à laquelle ils ont renoncé ? Mais il n’est pas facile de se retrouver à l’âge de 17 ans et devoir tout recommencer, surtout que le destin est têtu.
La première chose à laquelle on pense en lisant le résumé du film, c’est que c’est plus ou moins (mais surtout plus) le scénario de « Camille redouble » de Noémie Lvovsky et de tas d’autres films avant eux. Et on se dit qu’avec Franck Dubosc et Kad Merad, ce sera forcément moins délicat et poétique qu’avec Lvovsky ! Ben vous savez quoi : c’est vrai ! Bon, on ne va pas se mentir, si ce sujet du voyage dans le temps qui permet de changer un destin qu’on regrette a déjà été maintes fois utilisé, c’est qu’il offre sur un plateau des tas d’opportunité de gags et de situations comico-surréalistes dont ce serait dommage de se priver. Déjà, le fait que deux acteurs quadragénaires incarnent des ados dans des fringues d’ados à l’écran, c’est souvent l’occasion de sourire (le tee-shirt « Giscard à la barre », un collector que la costumière du film doit avoir eu bien du mal à trouver !). Et puis, le fait de savoir ce que sera l’avenir permet là-aussi un savoureux décalage. C’est même ce qui fonctionne le mieux à l’écran point de vue humour : essayer de vendre le scenario d’ « Intouchable » ou de « Bienvenue chez les Ch’tits » à Claude Berri en 1986 et se faire jeter, convaincre (Dieu merci…) le tout jeune Zidane de persévérer dans le foot au lieu de s’orienter vers le tennis, essayer de convaincre Eddie Barclay de signer « L’envie d’aimer » et là encore, se prendre un vent, çà marche toujours… Et puis, mais çà c’est pour les gens de ma génération surtout, c’est l’occasion d’entendre un BO qui mêle Cure, Baschung et Téléphone, de revoir les pull-overs hideux de l’époque, et d’avoir envie de sortir des trucs improbables qui ne font rire que nous comme « Paul… une Tourtel ! ». D’ailleurs, même en faisant moyennement gaffe, je n’ai pas tellement vu d’erreurs anachroniques dans les propos ou dans les décors, ce qui prouve que çà a été fait avec sérieux. C’est la moindre des choses, vous me direz… Au-delà de tout cela, qui n’est que l’habillage de « Bis », il y a quoi ? Un casting sans prise de risque qui fait le job, Kad Merad en homme rangé et sérieux et Franck Dubosc en homme volage (la vraie prise de risque aurait été de faire l’inverse, là çà aurait déjà été plus original !) en font beaucoup, c’est sur, mais pas trop (et dans le cas de Dubosc, ce n’est jamais gagné !). Autour d’eux, Julien Boisselier, Anne Girouard, Gérard Darmon et Alexandra Lamy sont très biens. La réalisation de Farrugia est intéressante avec quelques bonnes idées : une séquence ou les décors sont dessinés, quelques angles de camera inattendus, c’est pas mal sans être particulièrement créatif. Au petit jeu des ex-Nuls je préfère toujours la patte de Chabat mais bon, on a tous pour Farrugia une certaine tendresse, n’est ce pas ? Mais le gros point d’achoppement de « Bis », c’est que c’est un film cousu de fil blanc, on devine d’emblée comment tout cela va finir, les bons sentiments (et la morale !) l’emportent à la fin et les ressorts comiques sont efficaces mais usés jusqu’à la corde. D’autant plus que la Bande Annonce en dévoile une (bien trop) grande partie ! Ca, çà n’est d’ailleurs jamais bon signe ! Par moment, on a même l’impression que le film est en roue libre, dans le dernier tiers, et d’ailleurs il tire un peu en longueur alors qu’il ne fait qu’1h40, ce qui n’est jamais bon signe là encore. En résumé, un film qui marchera peut-être en salle mais surement bien mieux en TV, un dimanche soir sur TF1 (qui cofinance le film, alors c’est là forcément qu’il sera programmé), mais dont on se souviendra à peine le lundi matin à la machine à café. Farruge… faudrait ressortir la boite à idée et l’humour transgressif des Nuls, en vitesse !
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