/image%2F0902697%2F20150116%2Fob_ce4b43_essential-killing.jpg)
Quelle expérience étrange que ce film ! Difficile de ne pas en sortir à la fois vaguement fascinée et mal à l’aise (voire écœurée, n’ayons pas peur des mots !) par cette chasse à l’homme sans quasiment aucun dialogue et à laquelle on ne comprend pas tout. Bien difficile de savoir si on peut conseiller ce film, et à qui, tellement il est étrange…
Un homme, sans nom et dont on n’entendra jamais le son de sa voix, est capturé en Afghanistan par les forces américaines. Lors de son transfert vers une base ultra secrète de l’armée US (de celles qui ont fait parler sans qu’on sache bien où elles se trouvent et surtout ce qu’on y fait…), le camion qui le transporte est accidenté et il trouve l’occasion de s’enfuir. A travers une forêt enneigée, il va devoir survivre à ses poursuivants, et combattre la faim, la fatigue, le désespoir…
L’histoire d’un homme luttant pour sa survie dans un environnement sauvage avec tous les défis que cette situation représente est un thème fort intéressant. Ce retour à la vie sauvage, qui a déjà beaucoup inspiré le cinéma, la télévision et aussi la littérature (avec plus ou moins de bonheur, il est vrai !) trouve ici une résonance politique. Cet afghan, dont à aucun moment le scénario n’explique vraiment quel genre d’homme il a été avant (un combattant ? Un innocent jeté dans la guerre ? Un taliban ?) est jeté sans rien dans une forêt en hiver (probablement en Europe de l’Est, mais ça je l’ai compris assez tard !). Ne donner aucune clé pour connaitre le passé cet homme est une posture étrange. Je soupçonne le scénariste d’avoir pris ce parti pour ne pas susciter chez le spectateur un à-priori sur le personnage, mais au final, ce flou permanent dessert le film. Avec quelques flash back fumeux (et suffisamment onirique pour ne pas pouvoir en tirer grand-chose !), on devine vaguement quelques bribes de sa personnalité mais ça n’aide pas à comprendre son attitude à l’écran. Pourquoi mange-t’il des fourmis et de l’écorce d’arbre alors qu’il a une arme et qu’il pourrait abattre un cerf ou un lapin, par exemple ? Pourquoi se cache-t-il dans un camion de bois pour atteindre la civilisation et finalement la fuir tout de suite après ? Plus que l’empathie, c’est surtout de l’incompréhension que le scénario suscite chez le spectateur ! Au crédit d’ «Essential killing », on peut évidemment mettre la performance ultra physique de Vincent Gallo (difficile de sortir indemne de ce genre de rôle, à mon avis) et quelques belles trouvailles de mise en scène : les scènes à travers la cagoule et avec les acouphènes et l’idée des flash back mêlés à des flash forward (légers bons en avant dans l’intrigue). Mais certaines scènes sont difficilement supportables quand même : le corps à corps avec le bucheron et sa tronçonneuse (dont on sait trop comment elle va finir !) et surtout la scène de la femme au bord du chemin qui allaite et que le personnage principal agresse… Je ne sais pas si c’est parce que je suis une femme mais cette scène m’a révulsé et je n’aime pas être révulsée de manière générale et au cinéma en particulier ! La fin du film est hyper brutale et finalement sans surprise, elle se voulait surement épurée comme le reste du film, tranchante comme un couteau effilé, mais elle était surtout attendue avec un certain… soulagement !?
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19206825&cfilm=177036.html