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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Exodus, Gods and Kings

Publié par Christelle Point sur 28 Décembre 2014, 17:48pm

Critique cinéma : Exodus, Gods and Kings

« Exodus, Gods and Kings » est typiquement le type de film que je ne serais jamais allé voir sans un abonnement illimité en poche ! Au vu du sujet traité et de la bande annonce, je craignais le pire mais… J’ai voulu ne pas m’arrêter à cette première impression et lui donner sa chance, pour voir…

L’histoire à plus de 2000 ans et elle est universelle, j’aurais donc bien du mal à la résumer de façon originale. Moïse et Ramsès sont deux cousins élevés à la cour du pharaon Seti. Ce dernier envisage de faire de Moïse, plus intelligent, plus mesuré, son successeur en lieu et place de son fils Ramsès. Les deux hommes d’apprécient mais à la mort de Séti, un secret bien gardé éclate au grand jour : Moïse n’est pas autre chose qu’un hébreux abandonné bébé sur le Nil et recueilli par la sœur de Séti. Les Hébreux sont esclaves en Egypte depuis 400 ans et traités comme tels. Exilé par Ramsès, il se rend de l’autre côté de la mer Rouge et fait deux rencontres : sa femme et Dieu. De retour en Egypte, il exhorte Ramsès de libérer son peuple et se voit évidemment opposer un refus, mais Dieu est à ses côtés…

Quand on s’attaque à une histoire pareille, quand on choisi des acteurs pour incarner des personnages du calibre de Ramsès et de Moïse, quand on imagine un scénario sur cet épisode ô combien connu de l’Ancien Testament, on doit le faire avec génie, où alors on ne le fait pas… Ridley Scott, avec tout le talent de réalisateur qu’on lui connait depuis 35 ans, avait renouvelé le genre du péplum avec « Gladiator », on pouvait espérer, légitimement, qu’il fasse d’ « Exodus, Gods ans Kings » un film du même calibre. Sauf que là, honnêtement, çà n’est pas le cas, loin s’en faut. « Exodus, Gods and Kings » (déjà le titre laisse un peu à désirer, je trouve…) est un long film de plus de 2h30, sans véritable temps mort, avec un certain rythme, mais qui donne l’impression étrange de foncer à 100h à l’heure sur son sujet : on n’a à peine le temps de dire « ouf » que Moïse est déjà sur les routes de l’exil ! Scott enchaine les scènes, enchainent les épisodes, enchainent les plaies d’Egypte presque mécaniquement. Il déroule son récit mais il n’y a pas d’âme, pas de souffle épique, pas d’émotion dans son film, et pour un sujet comme çà, c’est quand même le comble ! La faute à quoi ? Pas à sa réalisation très empathique, très rythmée, très professionnelle (mais de ce point de vue, il n’a plus grand-chose à prouver) mais qui est un poil tape à l’œil : il use et abuse des plans larges, des scènes de foules filmées de haut pour qu’on puisse bien admirer la magnificence de sa reconstitution, la beauté de ses décors. Et c’est vrai que c’est très beau, très soigné dans les décors, les costumes, esthétiquement c’est chiadé mais les américains sont les meilleurs du monde pour çà, çà ne se discute même pas ! Sauf que çà ne fait pas tout. Son scénario survole les épisodes bibliques pour mieux s’axer sur l’affrontement de deux hommes, de deux caractères, de deux destinées. Mais là encore c’est bancal : pour tenir le rôle de Moïse, il faut un acteur au charisme éclatant, un type capable de vous clouer sur votre fauteuil d’un seul regard, ce n’est pas un rôle pour n’importe qui ! Christian Bale n’est pas n’importe qui et il fait 200% pour incarner un Moïse différent de la référence qu’est Charlton Heston, mais il n’a pas les épaules, il fait « petit bras ». Parce que c’est inévitable, quoi qu’on dise quoi qu’on fasse, la comparaison est inévitable avec le film de Cécil B DeMille « Les dix commandements ». Heston incarnait un Moïse agissant, péremptoire, imposant, charismatique, Bale incarne un Moïse torturé, étrangement passif, subissant même, et on a du mal à retrouver dans son Moïse le souffle divin qu’impose un rôle pareil. Et que dire de Joël Edgerton et de son Ramsès, plus mégalo que bâtisseur, souverain « mou-du-genoux » dominé par ses émotions, bien peu conscient de son rôle de roi. Yul Brunner doit bien se marrer de là où il est devant un Ramsès aussi fade. En fait, les rôles sont mal écrits, les personnalités ne sont pas assez fouillées, pas assez complexes, un peu trop « standards ». Les deux points d’orgue du film, ce sont d’abord les plaies d’Egypte, occasion pour Scott de ne pas faire les choses à moitié côté attaque de crocodiles et invasions d‘insectes, seule la dernière plaie (la mort des premiers né) est filmée de façon juste et digne, les autres sont outrageusement exagérées pour en mettre plein la vue, ce qui confine parfois au ridicule. Et puis l’autre temps fort c’est la Mer Rouge qui se retire puis s’abat sur les soldats de Ramsès, une vraie scène de tsunami plutôt réussie, et même imaginée de façon plus « crédible » que dans « Les dix Commandements ». Après, l’épisode du Veau d’Or ne dure que 10 secondes et n’est même pas effleuré sur le fond, les tables de la Loi sont gravées par Moïse lui-même (sous la dictée de Dieu, évidemment…) et apparemment elles ne sont pas détruites par lui dans un accès de colère, tout çà s’enchaine mécaniquement, comme je l’ai dit, et nous spectateur, on regarde défiler ces scènes d’un œil tantôt indulgent, tantôt goguenard. Ridley Scott s’est heurté à une question majeure comme avant lui tous ceux qui ont mis en image un épisode biblique : comment incarner Dieu ? Ici, pas de buisson ardent et de voix caverneuse, son choix se porte sur une vraie incarnation sous la forme d’un petit garçon, ce qui ne manquera pas de déplaire à beaucoup… Je trouve pour ma part que c’est le moins mauvais choix qu’il pouvait faire, mais cela donne l’image d’un Dieu méchant, exigeant et colérique qui là encore, ne plaira pas à tout le monde. « Exodus, Gods ans Kings » ne renouvelera pas l’épopée biblique, à beaucoup de point de vue, il passe à côté de son sujet, un sujet tellement exigeant, tellement énorme qu’il n’autorise aucune faiblesse : en un mot, c’est loupé !

Il y a une autre lecture possible de « Exodus, Gods and Kings », et si Moïse n’avait été que l’heureux bénéficiaire d’un enchainement de circonstances : Une pollution accidentelle du Nil fait mourir les poissons, fait sortir les grenouilles du fleuve, qui s’en vont mourir à l’air libre, entrainant pourriture et insectes. Lesdits insectes propageraient la lèpre qui affaiblirait les jeunes enfants et CQFD ! Et puis, un astéroïde tombé dans la mer rouge pourrait provoquer un reflux des eaux puis un tsunami. Toutes ces possibilités sont suggérées par Scott, l’air de rien, ce n’est pas la plus mauvaise idée de son film, d’ailleurs… Mais çà ferait surtout de Moïse le type « au cul le plus bordé de nouille » de tous les temps…

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19548884&cfilm=208430.html

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D
Tout à fait d'accord avec cette analyse. Je viens de voir ce film. Je me suis laissé tenter même si j'avais quelques réticences.Acteurs mal choisis,jeux et dialogues pauvres , sans émotions.Le choix d'un Moïse à la Scorcese dans &quot;la dernière tentation du christ&quot; ne passe pas.J'avais bien aimé Gladiator mais là le souci de reconstitution historique a pris le pas sur le reste.On ne parlera pas de la fin. Reste la mise en scène et le rythme, Ridley Scott sait faire ...<br /> A part ça, je ne sais pas quel métier vous faites mais vous devriez écrire pour des critiques de cinéma. Merci.
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C
J'exerce un métier qui n'a absolument rien à voir avec l'écriture et le cinéma, mais je vous remercie de ce compliment ! Je vais au cinéma pour le plaisir des yeux et j'écris pour le plaisir d'écrire...
S
Je suis d'accord avec l'analyse mais pas avec la conclusion. Si Moise est torturé c'est peut-être pour montrer son athéisme latent. Si Dieu est un enfant c'est peut-être pour comprendre que les calamités qui s'abattent sur l'Egypte sont le fruit d'un caprice enfantin. Je retire de ce film une charge contre le monothéisme, le combat s'inscrit plus dans une lutte de classe, les esclaves contre les égyptiens. ET Moise ne suit &quot;Dieu&quot; que par doute et peut-être hallucination.
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