Critique cinéma : Simon Werner a disparu

Dans une classe de terminale d’un lycée de banlieue (chic) de Paris, un élève disparaît, puis quelques jours après, un second, puis un troisième… C’est à cause de ce pitch intrigant que je me suis intéressée à ce petit film sorti en 2010. Pas de promo assourdissante dans les TV, le réalisateur et les acteurs m’étaient inconnus, Je n’avais même pas vu une bande annonce. Mais les critiques étaient suffisamment bonnes pour que je me laisse tenter.

Impossible de résumer l’intrigue plus que ce que je viens de faire, voilà une intrigue dont il vaut mieux ne rien savoir avant d’entrer dans la salle, parce que ce film est un puzzle. Le procédé est astucieux sans être pourtant inédit. Le film se décompose en 4 parties, à chaque fois l’intrigue repart au début avec le point de vue d’un personnage différent. D’abord Jeremy, le sportif sympa et volubile, puis Alice, le belle fille inaccessible, puis Jean-Baptiste le souffre-douleur fils du prof de physique pour finir par le fameux Simon. Ce procédé a déjà utilisé dans des films de genre différents comme « A la folie pas du tout » ou « Angles d’attaque » mais c’est surtout au formidable « Elephant » de Gus Van Sant que ce film fait penser. En changeant parfois simplement les angles de prises de vue, on revoit successivement les mêmes scènes mais jamais de la même façon, on les interprète différemment, on pense tenir une piste pour savoir ce qui se passe dans cette classe de terminale et puis… non ! Petit à petit, le puzzle se met en place, pièce par pièce, et tout devient petit à petit plus clair. Là où le scénario fonctionne bien, c’est que nos esprits (comme ceux des protagonistes), encombrés par les scénarios tortueux déjà vu dans les thrillers ou les séries TV, pollués par les idées toutes faites et les poncifs, se perdent tous seuls dans des scénarios macabres et tordus. Alors que la réalité qui apparaît tout doucement devant nos yeux est, comme souvent, bien plus simple, plus crue, froide, plus cruelle aussi… Sur le moment, on peut sortir de la salle un peu déçue d’avoir vu une fin si froide. Mais si on laisse passer un peu de temps et qu’on y repense, on se rend compte que le film a parfaitement fonctionné et qu’on s’est embarqué tout seul dans des explications improbables !

Deux petits détails qui viennent ajouter à la bonne impression générale du film : une bande son très très sympa et une jolie affiche. On oublie parfois que le soin apporté à un film tient aussi à ce genre de détails.

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