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Stanley Crawford parcourt le monde sous les traits de l’illusionniste Wei Ling Soo, il remplit les salles et fascine les foules. Aussi talentueux que mégalomane, aussi intelligent et érudit qu’abominablement snob, il n’aime rien autant que démasquer les pseudos médiums et autres télépathes en dévoilant leurs subterfuges. Cartésien jusqu’à la moelle, il relève le défi de son ami et collègue Howard. En effet, une jeune médium américaine, Sophie Baker, impressionne toute la Riviera et plus particulièrement une famille richissime et endeuillée. Bien décidé à démasquer l’escroquerie, Stanley va se retrouver devant une toute jeune fille aussi charmante que douée et pour la première fois de sa carrière, il commence sérieusement à douter…
Allez voir un Woody Allen c’est toujours un peu une loterie. Il m’a parfois enchanté et parfois profondément déçu et ennuyé. Mais son dernier film est plutôt un bon cru. Alors c’est sur, çà reste du Woody Allen et c’est reconnaissable dés les premières secondes du générique de début ! Toujours le même genre de générique (du jazz sur fond noir), toujours des dialogues interminables de gens qui aiment visiblement s’écouter parler, toujours le même genre d’intrigues, toujours une trame de fond très romantique. Il filme le monde la magie comme il l’avait déjà fait (« Scoop »), il met en scène le jeu des sentiments entre une très jeune femme et un vieux bourru, et çà aussi il l’a déjà filmé (« Whatever Works »), il campe son film dans une Riviera de carte postale (« Vicky Cristina Barcelona »), ce qui lui permet de faire une très belle photographie un peu surexposée et de filmer des paysages magnifiques mais, là encore, c’est un habitué des décors de carte postale. Il s’auto référence beaucoup, mais il a une filmographie tellement pléthorique et un style tellement affirmé qu’il peut se le permettre ! Son scénario est suffisamment bien écrit pour qu’on se demande bien, au bout de ¾ d’heure de film, où il va nous emmener. L’explication du talent incroyable de la jeune Sophie est bien sur dévoilée à 10 minutes de la fin du film mais j’avoue que je n’avais rien deviné, alors que c’est une explication toute simple ! En fait l’intrigue fonctionne très bien et dés les premières images, on est partagé entre la cartésianisme très logique de Stanley et l’envie de croire aux pouvoirs paranormaux de Sophie, ce serait ce que pour lui rabattre son insupportable caquet de mufle ! Il y a deux trois scènes particulièrement réussies, vers la fin surtout. Je n’en citerais deux, un dialogue de Stanley avec sa vieille tante qui confine au mentalisme (maline, la vieille…) et une demande en mariage parmi les plus maladroite de l’histoire du cinéma romantique ! Au casting, Colin Firth est très bien même si on peut trouver qu’il en fait un tout petit trop dans certaines scènes, dans le genre gentleman british (on aimerait le voir dans un rôle plus « destroy », juste une fois…). A ses côtés, la ravissante Emma Stone est absolument parfaite. Les seconds rôles sont joliment croqués, comme l’exaspérant fils de bonne famille Brice, la maman très intéressée de Sophie ou la charmante et très perspicace tante de Stanley. C’est appréciable de voir des seconds rôles bien écrits, même si le côté vénale de Mme Baker aurait pu être évoqué un peu plus. En réalité, « Magic in the moonlight » est un film qui se déguste comme on dégusterait une belle pâtisserie dans un salon de thé un peu désuet, en buvant dans des tasses en porcelaine ! Mais la pâtisserie a tendance à paraitre un peu lourde par moment, elle frôle même l’indigeste dans quelques scènes trop bavardes (la péché mignon de Woody Allen !). Et puis, elle laisse un gout très sucré sur la fin, presque sirupeux. On aurait aimé peut-être une fin moins conventionnelle, plus inattendue, plus cynique aussi, comme celle de « Blue Jasmine ». En résumé, on aurait aimé un peu plus d’audace scénaristique dans les dernières scènes. Mais foin de ces petits défauts, je l’ai dit d’emblée, « Magic in the moonlight » est un bon cru.
Le message de « Magic in the Moonlight » n’est pas tant l’opposition science/croyance ou religion/cartésianisme, malgré les apparences. En fait, il s’agit plus de la difficile cohabitation entre l’intelligence et le bonheur et Woody tente à prouver qu’on peut être intelligent et heureux à la fois. Je vais tenter à réfléchir au message de Woody car, même après avoir vu son film, je n’en suis pas encore tout à fait convaincue…
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