Critique cinéma : Avant d'aller dormir

J’avais pris beaucoup de plaisir à la lecture du thriller psychologique de JS Watson « Avant d’aller dormir » (et je ne suis pas la seule, le livre de Watson s’est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires) alors quand j’ai appris qu’il était adapté au cinéma avec Nicole Kidman et Colin Firth, j’ai tout de suite eu envie de voir ce que cela donnait, en dépit de l’inévitable petite angoisse d’être déçue et de voir le cinéma trahir la littérature.

Chaque matin, Christine Lucas, 40 ans, se réveille ayant tout en oublié des 20 dernières années de sa vie. Victime d’une violente agression il y a quatorze ans de cela, son cerveau appuie sur « reset » à chaque fois d’elle s’endors. Tous les matins, elle doit tout redécouvrir de sa vie actuelle, avec son mari Ben qui, invariablement jours après jours, lui raconte 20 ans de vie commune. Ce que Ben ne sait pas, c’est qu’un neuropsychiatre, le docteur Nash, suit quotidiennement Christine. Il lui a confié une caméra pour qu’elle se filme chaque jour et visionne les vidéos le lendemain. Christine, bien déterminée à guérir, suit avec application cette méthode et des progrès se font jour. Et ce dont elle se souvient colle mal avec le récit quotidien de son mari…

Adaptation plutôt réussie grâce d’abord au casting. Nicole Kidman campe une Christine Lucas très convaincante, à la fois fragile et déterminée et Colin Firth un Ben tour à tour émouvant et inquiétant. Dans un second rôle très important, Mark Strong (souvent excellent et trop souvent sous-employé) incarne un médecin plein d’empathie mais en proie de son côté à un dilemme éthique qui le mine. Ce casting resserré pour un film court (1h30) permet de faire monter la tension psychologique entre les trois personnages de manière continue et crescendo. Montrer la tension psychologique au cinéma est un vrai challenge, pour que çà fonctionne il faut de bons acteurs et un scénario astucieux et c’est également ce que le film de Rowan Joffe nous offre. Très fidèle au roman, il réussit grâce à un montage intelligent à ne jamais être répétitif alors que le sujet l’est forcément, et du coup à ne pas laisser retomber la tension. Je n’ai noté que des changements mineurs au regard du livre de JS WATSON, quelques aménagements chronologiques, et une caméra au lieu d’un journal écrit (forcément, çà passe mieux à l’écran, on peut faire des petits effets avec comme la goutte de sang !). Mais la trame, le coup de théâtre est bien là et il fonctionne comme dans le roman. Alors c’est sur, quand on a lu le livre on se prive de la surprise au cinéma et inversement, c’est un peu dommage mais difficile de faire autrement avec un polar psychologique de ce type. En essayant de me mettre dans la peau de quelqu’un qui ne saurait rien du roman, je reconnais que jusqu’au fameux coup de théâtre, l’ambigüité des personnages et de la situation fonctionnent et on peut se trouver entrainé sur une fausse piste. C’est tellement vrai que, pour tout avouer, pendant un court moment, j’ai crains que Rowan Joffe aie allégrement changé la fin et trahi le polar… Mais non, ouf ! Au rayon des petits défauts, je regrette une réalisation un peu trop académique, une photographie assez austère et une musique envahissante qui accentue les moments de suspens de façon assez inutile. Bref, « Avant d’aller dormir » est un bon thriller qui utilise les ficelles du genre, efficace à défaut d’être hyper-créatif. Grâce à un casting de choix, un scénario solide et un sujet original en plus d’être fascinant (le cerveau, la mémoire), il remplit parfaitement son but : 1h30 de bon cinéma.

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