Critique cinéma : Shutter island

Je suis bien embêtée en commençant cette critique car bien longtemps après avoir vu « Shutter Island », je ne sais toujours pas bien quoi en dire… Très alléchant sur le papier, il y a dans ce film quelque chose qui ne fonctionne pas sans que je puisse bien mettre le doigt dessus, et c’est énervant !

Deux Marshall des Etats-Unis débarquent en 1954 sur Shutter Island, une île isolée de la baie de Boston, uniquement peuplée d’un hôpital-prison, où sont regroupés les plus dangereux fous criminels des USA. Une des patientes a mystérieusement disparue et leur enquête pour la retrouver va les plonger dans un univers inquiétant et pervers où la folie s’imprègne jusque dans les murs.

Ce qui ne fonctionne pas dans ce film, ce n’est pas la réalisation toujours parfaite de Scorcese, la photographie est superbe et certains plans sont purement géniaux du point de vue esthétique. Ce n’est pas non plus l’interprétation même si Léonardo Di Caprio écrase un peu de son talent les seconds rôles. Dans un rôle rétrospectivement (après avoir vu l’intégralité de l’histoire) plus difficiles à composer qu’on pourrait le croire au départ, il est juste, émouvant et inquiétant à la fois. L’habillage musical est très réussi aussi, parfaitement intégré à l’histoire sans être trop omniprésent. L’atmosphère de Dennis Lehane est glauque à souhait comme l’étaient celle de « Mystic River » et de « Gone baby gone », les deux précédentes adaptations que je lui connais. D’ailleurs au passage il va falloir que je me penche sur l’œuvre de cet écrivain, cette troisième adaptation m’en aura vraiment donné l’envie. Alors, une fois qu’on a éliminé tout ça, qu’est ce qui cloche dans « Shutter Island » ? Une impression de fouillis peut-être, à force de semer partout des indices et des fausses pistes, d’osciller perpétuellement entre la réalité et les hallucinations, on finit par perdre un peu le fil de l’histoire par moment. J’aurais peut être du écrire « une impression de folie », ça aurait été plus juste... On pourra objecter que c’est le meilleur moyen de mettre le spectateur dans la peau de son personnage principal, finalement, on passe une grande partie du film à se demander en même temps que lui si ce qu’on voit est la réalité de l’histoire ou une pure hallucination, si on entend bien ce qu’on entend... Certes, et si c’était le but de Scorcese, alors c’est réussi. Mais moi, ça m’a mise assez mal à l’aise de flirter ainsi avec la folie, mais c’est peut-être un sentiment tout personnel qui ne gênera que moi… Sachant dés le départ qu’il y a un coup de théâtre final, on se prend à être attentif et à noter ici où là des petits détails « qui ne collent pas », on finit par entrevoir assez vite ce que sera ce retournement de situation. Pas besoin de le revoir deux fois pour tout relire à la lumière de la révélation finale, puisque qu’arrivé au 1er tiers du film, on a vaguement compris de quoi il retourne.

Bon, j’ai plus ou moins trouvé ce qui me dérangeait dans ce film, tout en essayant de ne pas en dévoiler trop, je ne suis pas à l’aise avec le monde du délire psychotique, mais en même temps qui le serait ? Cela dit, voir ce film est une expérience à faire et la dernière scène (et la dernière réplique) du film vous plongera dans des abîmes de perplexité !

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