Mes séries préférées : The killing

Le polar scandinave, de plus en plus à la mode dans le monde littéraire, se décline aussi en série TV. Diffusée par ARTE (début de la saison 3 jeudi soir), cette série danoise âpre et complexe fait irrémédiablement penser à un « Twin Peaks » nordique, l’ésotérisme et le surnaturel en moins. je ne vais évoquer ici que la saison 1, la saison 2 étant plus courte et un peu en deçà.

Nanna Birk Larsen, 18 ans, est découverte morte dans le coffre d’une voiture et le commissaire Sarah Lund, pourtant sur le point de changer d’affectation, se trouve chargée de l’enquête. Ce petit bout de femme obstiné va s’attacher à résoudre ce crime abject, jusqu’à l’obsession et jusqu’à se mettre gravement en danger. Mais elle est affublée d’un coéquipier difficile, elle est confrontée à la famille de la victime qui vit douloureusement l’enquête et ses atermoiements et pour couronner le tout, la jeune Nanna a été retrouvé dans le coffre d’une voiture de campagne d’un candidat à l’élection municipale très en vue. Autant dire que Sarah Lund manipule de la dynamite !

Ce qui est vraiment intéressant dans « The Killing », c’est que les 20 jours d’enquête (20 jours : 20 épisodes) sont vécus dans trois contextes alternativement. La police tout d’abord et en premier lieu, qui se retrouve à devoir résoudre une enquête difficile sous le regard de la presse, une enquête où beaucoup de gens leur cachent beaucoup de choses. Alors forcément, elle tatônne et nous avec, elle ouvre une piste, la suit, on y croit avec elle et puis… non ! Ce n’est pas la bonne piste, on referme la porte, on revient en arrière et on recommence tout. Pour avoir lu beaucoup de polars, c’est souvent ainsi que la police criminelle agit, en fermant toutes les portes une par une jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une. Mais rarement j’ai vu une série TV montrer d’aussi près ce processus très déstabilisant et frustrant… Et il faut toute l’obstination du commissaire Sarah Lund (formidablement interprété par la comédienne Sophie Grabol, d’ailleurs récompensée pour ce rôle) pour ne pas céder au découragement. Deuxième contexte, la famille de la victime et la façon dont elle vit le deuil et surtout l’enquête policière. Theis et Pernille Birk Larsen sont des gens modestes qui ne connaissent pas le fonctionnement de la police et de la justice et qui sont jetés dans le drame comme on est jetés dans une piscine sans savoir nager. Leur couple, et l’équilibre psychique de Pernille va douloureusement en souffrir. Et puis, troisième contexte, la campagne électorale pour la mairie de Copenhague : Troels Hartmann, jeune et ambitieux adjoint au maire semble sur le point de déloger le maire historique de la ville. Mais le corps retrouvé dans le coffre d’une ses voitures de campagne fait voler en éclat sa campagne pourtant si prometteuse. Du coup, les rapports entre lui et la police se mettent très vite à sentir la poudre. En résumé, ces trois mondes qui n’étaient pas amenés à se rencontrer se percutent, suivent leur logique propre et s’affrontent au lieu d’aller tous dans le même sens, celui de la découverte de l’assassin de Nanna. Le casting danois est impeccable (mention spéciale à l’inspecteur Ian Meyer, ours mal léché qui finit par devenir attachant), et pour tout dire la ville de Copenhague n’est pas spécialement montrée à son avantage, climat automnal pourri, ville industrielle et quartiers délabrés, çà donne pas envie d’y passer ses vacances !

Ceux qui ont vus « Twin Peaks » savent qu’une des clefs de la série tient dans cette phrase mystérieuse « Les hiboux ne sont pas ce que l’on pense ». Et bien, la phrase choc de « The Killing », celle qui explique tout de façon très astucieuse, ce n’est même pas une phrase, juste une expression « Sara 84 »… Intriguant, non ?

Pour donner envie : http://www.youtube.com/watch?v=Mv4Hfi0ayfU