Critique cinéma : Welcome

Quand j’ai vu pour la 1ère fois la Bande Annonce de « Welcome » au cinéma en 2009, vu le contexte de l'époque, je me suis dit « Ouh la ! Ca ça ne va pas plaire à tout le monde, il est gonflé Philippe Lioret de faire un film sur ce sujet » et je savais déjà que j’irai le voir et je savais déjà ça me toucherais en plein cœur… Il faut dire que le précédent film de Philippe Lioret « Je vais bien ne t’en fais pas » m’a tellement marqué que j’y repense souvent. Je peux dire maintenant que j’avais raison sur absolument toute la ligne à propos de celui-là, ce film ne plaira pas à tout le monde mais moi, il est allé directement des yeux au cœur !

Simon est un maître nageur calaisien en plein divorce. Toujours amoureux de sa femme et assez déprimé, il rencontre dans sa piscine Bilal, réfugié irakien qui ambitionne, en désespoir de cause (et c’est vraiment le cas de le dire !) de traverser la Manche à la nage pour retrouver la fille qu’il aime à Londres. Par pure compassion, et peut-être aussi dans le secret espoir de reconquérir sa femme, Simon va héberger Bilal, l’aider du mieux qu’il peut dans sa folle entreprise, au risque d’avoir de sérieux ennuis avec les doux policiers de la PAF.

L’interprétation est juste parfaire de chez parfaite : Vincent Lindon joue tellement bien les dépressifs au grand cœur qu’on a du mal à imaginer qui aurait pu tenir ce rôle à sa place. Audrey Dana, touchante comme elle l’était déjà dans « Roman de gare » de Lelouch et Firat Ayverdi tellement crédible en jeune réfugié obstiné qu’on se demande où Philippe Lioret à pu le dénicher… La mise en scène est d’une sobriété presque austère qui sert le propos, émouvant sans être jamais pathos, sur un sujet pareil c’est presque miraculeux ! J’y ai même décelé un tout petit et discret clin d’œil aux « Misérable » de Victor Hugo ! Les deux belles histoires d’amour de ce film ne sont pas des alibis juste là pour illustrer le propos, elles ont une place à part entière, tout comme l’amitié qui se noue entre Simon et Bilal, une amitié où une relation père-fils se dessine tout doucement en filigrane. Quant au propos de fond, le vrai sujet du film, le cœur de la polémique, il fait mal, il fait même très très mal ! On dit qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir. Aller voir « Welcome » était (est toujours...) presque un acte citoyen, c’est ouvrir les yeux… Les intimidations policières pour décourager les calaisiens de faire preuve de compassion (parce qu’il n’est question que de ça, de com-pa-ssion), les voisins qui se dénoncent entre eux, les méthodes de chasse aux clandestins, les magasins dont on interdit l’entrée,...Tout ça donne le tournis et, disons-le, lève le cœur ! Si je tenais le fonctionnaire de l’Intérieur qui a décidé qu’il fallait marquer au feutre indélébile un numéro sur le poignet des clandestins pour les répertorier, je le renverrais à l’école à grand coup de pied au c.. !!! Alors évidemment, c’est un film qui ne plaira pas à ceux qui veulent rester aveugles, d’ailleurs ils n’iront pas… Et ceux qui iront pourront dire de lui qu’il est manichéen, « droit-de-l’hommiste » et démago, que le problème est plus complexe que cela et que, ma foi, la fin justifie bien les moyens… Ben voyons… Moi, je suis heureuse d’y être allée avec un kleenex dans ma poche, j’ai du séché quelques larmes, quelques larmes de HONTE…

Lors de sa sortie, Stéphane Guillon disais sur France Inter qu’il fallait aller voir « Welcome » pour deux raisons, d’abord parce que c’est un film formidable et aussi parce que cela faisait bien c…. (Le très droit et intègre) Eric Besson ! Ma foi, je n’aurais pas dit mieux !

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