/image%2F0902697%2F20140528%2Fob_55d6f1_w.jpg)
Pas un pamphlet, pas un vraiment un biopic non plus, ce film est l’exemple de ce le cinéma français ne produira jamais (malheureusement…) : un film très critique sur un président encore en exercice. Un film qui cherche à comprendre comment et surtout pourquoi un fils à papa sans éducation, médiocre et terriblement mal dans sa peau à pu devenir l’homme le plus puissant du monde. Ce film raconte, à coup de flash back successifs, l’ascension de W jusqu’au sommet du monde, la genèse du conflit en Irak et l’inévitable désillusion qui en a résulté.
Disons le d’emblée, c’est surtout le pourquoi qui intéresse Oliver Stone, alors qu’on aurait aimé en savoir plus aussi sur le « comment »… Ici, il n’est question du 11 septembre et surtout de l’élection de 2000 que dans les mots, au détour d’une phrase et c’est le principal reproche que je ferais au film : il n’explique pas au citoyen européen qui n’est pas spécialiste de la vie politique américaine COMMENT un grand pays a pu confier sa destiné à un homme si… médiocre ! L’énorme scandale de l’élection de 2000 aurait quand même mérité bien plus qu’une allusion de Bush père à la fin du film ! Mais Oliver Stone ne s’occupe quasiment que des « pourquoi ». Pourquoi a-t’il voulu si ardemment devenir président ? Pour impressionner son papounet (qu’il appelle comme ça jusque dans le bureau ovale !), pour tuer le père et prouver qu’il mérite autant d’attention que son frère Jeb. L’explication psy est certes séduisante mais un petit peu réductrice au final. Pourquoi avoir tellement voulu cette guerre en Irak ? Pour faire mieux que papounet et surtout parce qu’il est entouré de va-t-en-guerre cyniques et machiavéliques… Les scènes entre W, Colin Powell, Dick Cheney, Condoleeza Rice et Donald Rumsfled sont de loin les plus intéressantes. Autant W est décrit comme un homme maladroit, quasiment inculte au final presque attachant, autant ceux qui l’entourent ne sont pas autant ménagés par Stone : Rice est une lèche botte louvoyant, Powell un lâche incapable d’imposer ses idées à qui parle plus fort que lui et Cheney… Le vrai salopard du lot, c’est lui ! Et pour tout dire, Richard Dreyffus lui donne une crédibilité qui fait froid dans le dos… Son discours sur le pétrole ne dure que 2 minutes mais tout est dit sur la politique extérieure de Junior et c’est implacable ! L’interprétation, puisqu’on en parle, est parfaite : Josh Brolin est fort ressemblant et surtout pour la voix. Vu en VOST, quand on ferme les yeux, on croirait vraiment entendre W, c’est presque un tour de force ! La réalisation est classique, mais on ne perd jamais le fil. Le film dure 2 heures mais franchement, ça parait plus court et du coup, on trouve la fin un peu brutale. Si tous les papas qui verront ce film ne devaient en retirer qu’une seule morale, c’est « ne méprise jamais ton fils, tu ne sais pas ‘il ne déclenchera pas un jour une guerre juste pour t’impressionner ! ».
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19450072&cfilm=133758.html