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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Her

Publié par Christelle Point sur 30 Mars 2014, 16:09pm

Critique cinéma : Her

Dans un futur proche, à Los Angeles, Théodore est un futur divorcé dévasté par l’échec de son mariage. Incapable de remonter la pente, il se laisse tenter par un programme informatique. Il s’agit d’un système d’exploitation global qui en plus de l’aider à gérer sa vie quotidienne, développe une vraie personnalité, lui parle, l’écoute et s’adapte à ses pensées, à ses désirs. Petit à petit se noue entre Théodore et son système d’exploitation prénommé Samantha une relation qui s’apparente à une vraie relation amoureuse. Il n’y a pas de relation parfaite dans la vraie vie, mais Théodore et Samantha vont comprendre qu’il n’y en a pas non plus dans la vie virtuelle.

« Her » est un film étrange et inclassable, qui par moment vous touche, et par moment vous met très mal à l’aise. En tous cas, c’est un film qui ne laissera pas indifférent ceux qui le verront car il ne ressemble à rien de ce qu’on peut voir habituellement au cinéma. Minimaliste au niveau du casting, tout le film s’appuie sur le personnage de Théodore (il est dans chaque plan) incarné par Joaquim Phoenix. Il est épatant, troublant, émouvant dans le rôle de cet homme hypersensible, amoureux et pétris de doutes et d’angoisse et le film doit beaucoup à son jeu, très doux, très retenu. Les autres rôles sont un peu écrasés par l’exclusivité de la relation entre Théodore et Samantha mais c’est tout à fait volontaire, j’imagine que c’est une façon de montrer Théodore s’investir au-delà de toute mesure avec son oreillette et son mini ordinateur portable, de le montrer en train de se refermer progressivement sur lui-même et le drôle de couple qu’il forme avec Samantha, la scène du rendez-vous arrangé avec Olivia Wilde en est la meilleure illustration. La fameuse Samantha est incarnée par la voix sensuelle et éraillée de Scarlett Johansson qui, sans jamais apparaître à l’écran, compose rapidement et de façon hyper convaincante un personnage très attachant juste par l’intonation de sa voix. Côté réalisation, c’est très bien filmé par Spice Jonze (réalisateur que je découvre avec intérêt), il y a des très beaux plans, parfois très fugaces, comme des petites pépites disséminées çà et là. Il filme parfois à travers les yeux de Théodore quand il est en conversation intense avec sa petite amie (puisqu’il le définit rapidement ainsi) et ce sont des images qui mériteraient qu’on s’y attarde : de la poussière qui virevolte, des tâches sur le trottoir, une bouche d’égout qui fume, autant de métaphores sur les dialogues qui les accompagnent. On sent que tout cela est très soigné. Le Los Angeles du futur est assez similaire de celui d’aujourd’hui car il s’agit probablement d’un futur proche, où l’écrit n’existe plus que de manière anecdotique et le « tout connecté » à pris le relais. Pas certaine que ce futur là fasse très envie, pour tout dire ! J’ajoute que, dans ce futur là, si les technologies ont fait un bon en avant, la mode à fait, elle, un sérieux bond en arrière. On se croirait dans les 70’s, et c’est carrément laid. Là, en revanche, je ne comprends pas bien pourquoi ce parti pris. Reste à évoquer le scénario et d’abord le sujet du film, l’amour virtuel. Là où çà fonctionne parfaitement c’est que, étrangement, on n’y croit vraiment et très vite en plus alors que l’idée peut faire doucement rigoler sur le papier. Et en fait, c’est cette facilité avec laquelle se nouent ces sentiments et l’apparente compréhension de la société pour ces relations (car apparemment bon nombre d’utilisateur du programme tombent amoureux de leur OS) qui mettent un peu mal à l’aise. On sent que cette relation lui apporte beaucoup (et d’une certaine manière lui apporte beaucoup à elle aussi) mais elle est malsaine. Cette relation est belle, parfaite (trop ?), harmonieuse et pourtant elle ne règle qu’en surface les problèmes de solitude de Théodore et d’une certaine manière, parce qu’elle est malsaine, elle est vouée à l’échec. Là où le film touche dans le mille, c’est qu’il évoque avec une certaine acuité la solitude du monde moderne et les pis aller que la société met au point pour maintenir les gens à flot dans un monde quasi hostile. Pour qui s’est senti, un jour, vraiment seul au monde et au fond du trou noir, ce film est presque douloureux à regarder, il fait office de miroir et c’est assez bouleversant par moment, je le reconnais. Côté défauts, je lui concède certaines longueurs, certains dialogues un peu trop abscons, quelques scènes inutiles. Le rôle d’Amy et la relation qu’elle aussi noue avec son OS aurait pu être exploité différemment et plus en profondeur. Et puis la fin de « Her » est un peu déconcertant, elle est inévitable et pourtant on ne l’a pas vu venir, c’est troublant.

En tous cas, c’est certain, « Her » est un film dont on ne sort pas intact, c’est du cinéma exigeant, qui pose question, qui pose même des questions douloureuses et complexes à la limite de la philosophie. « Her » est ce genre de film qu’on emmène avec soi après la séance et auquel on repense par intermittence, parce qu’il a remué quelque chose au fond. Tout le contraire d’un film « pop corn » en somme, mieux vaut le savoir en entrant dans la salle de cinéma.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19541325&cfilm=206799.html

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