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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : 12 years a slave

Publié par Christelle Point sur 26 Janvier 2014, 17:05pm

Critique cinéma : 12 years a slave

J’ai lu dans un journal gratuit il y a quelques jours que « 12 years a slave » était à l’esclavage ce que « Schindler’s list » était à l’Holocauste. Voilà qui pose s’emblée un film dans la catégorie « grand film » et du coup, pour moi et les nombreux spectateurs qui attendions les premières images dans la salle 21 de l’UGC, la barre était placée à une sacrée hauteur ! Et pourtant, même sachant cela, j’ai quand même été soufflée par « 12 years a slave », un film dont il est impossible de sortir indemne.

Salomon Northup est un violoniste installé à New York, marié et père de deux enfants, il jouit d’une vie confortable. Dans le Nord des Etats-Unis, à la veille de la guerre de sécession, il est un homme libre et établi. Mais un jour, Salomon est piégé par des trafiquants d’esclaves : drogué, privé de ses papiers, il est embarqué pour la Georgie et revendu comme esclave sous un autre nom. Dés lors, il n’aura de cesse de tout faire pour survivre pour, peut-être un jour, retrouver son identité, sa liberté et sa famille.

La première qualité de « 12 years a slave », et pas la moindre, c’est de montrer l’esclavage dans sa vérité la plus froide et la plus cruelle. Un an après l’excellent « Django Unchained » de Tarantino, Steve McQueen remet l’esclavage au centre de l’actualité cinématographique. Mais là où Tanrantino faisait de l’esclavage la toile de fond d’un western lyrique, sanglant et somptueux, Steve Mc Queen prend le parti du réalisme. Ici, pas question de repeindre les murs avec le sang des esclavagistes, ici, les salauds ne sont pas punis, les vengeances ne s’accomplissent pas, la morale n’en ressort pas sauve. Ici, l’esclavage n’est pas une toile de fond, c’est LE sujet, LE personnage central du film. Je ne savais pas que des enlèvements de noirs libres étaient perpétrés au Nord pour être revendus au Sud, mais à bien y réfléchir, c’est tout sauf étonnant. La traite a été abolie, les navires ne débarquent plus d’Afrique avec la main d’œuvre pour les champs de coton. Les esclaves font peu d’enfants, et la seule manière de maintenir l’effectif (le cheptel, comme ils disaient), c’est l’illégalité, l’enlèvement, le trafic. Rarement, l’esclavage aura été traité avec autant d’acuité par le cinéma américain (je ne parle même pas du cinéma français qui n’a jamais évoqué la traite des noirs, à ma connaissance !). La mise en scène de Steve McQueen (que je découvre avec ce film) y est pour beaucoup. Outre une quantité de plans magnifiques, de paysages sublimes, un musique finement choisie et utilisée, il y a chez lui une volonté affichée de ne pas épargner le spectateur. Ca donne quelques scènes d’une violence psychologique à la limite du soutenable : la scène interminable de la corde, et pire, celle terrifiante du fouet qui va me hanter longtemps. Steve McQueen montre les chairs mutilées par le fouet pour ce qu’elles sont, difficile parfois de ne pas baisser les yeux. Le scénario est intelligent, il n’y quasiment pas de longueurs, le rythme est soutenu, essentiellement grâce à un montage qui joue très habilement avec les flashbacks et les flashforwards. Même si on sait (puisque c’est l’histoire vraie d’un homme qui a mis douze longues années à retrouver la liberté) comment le film va finir, le scénario nous leurre habilement puisque pendant tout le film, on n’arrive pas à envisager comment Salomon va se sortir de cette situation désespérée. Chiwetel Ejiofor et Lupita Niong’o sont les deux révélations de ce film et on entendra parler d’eux, peut-être aux Oscars dans pas longtemps. Mais au milieu d’un casting de premier ordre, c’est Michael Fassbender qui impressionne. Ce beau mec, bel acteur abonné plutôt aux blockbusters très grand public, incarne un des pires salopards que j’ai vu au cinéma depuis longtemps et il est in-cro-yable. Son rôle fait penser très fort à celui que tenait Ralph Fiennes dans « Schnindler’s list » et il le tient avec autant de force et de talent. Il signe là une énorme performance qu’il serait dommage de ne pas souligner au prétexte qu’il joue un immonde salaud ! Je ne trouve pas beaucoup de défaut à « 12 years a slave », à part une fin un tout petit peu larmoyante mais comment faire autrement avec un sujet comme celui là ? Non, décidément, je ne vois pas ce qui pourrait vous retenir de vous offrir ce grand moment de cinéma…

Pour être franche, c’est quand même un film dont on ne peut pas sortir indemne, à moins d’avoir un cœur de pierre ou une mentalité de m…, et je suis encore au moment où je tape ces mots sur mon clavier, chamboulée par cette séance éprouvante mais salutaire. Je ne suis pas certaine de ne pas repenser à ce film souvent et avec une certaine émotion.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19538046&cfilm=196885.html

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